Résumé du mois

Ce mois de juin marque une légère pause au regard du déficit pluviométrique accumulé depuis mars. Une succession d’orages, amenant parfois des cumuls pluviométriques intenses, a permis d’obtenir des cumuls mensuels en moyenne légèrement supérieurs aux normales de saison. Ces cumuls ont enrayé, au moins temporairement, la généralisation du déficit pluviométrique observé sur les douze derniers mois. Toutefois, cette situation n’est pas systématique à l’ensemble du territoire normand et ne compense pas non plus les déficits cumulés depuis février : sur le nord Cotentin et le nord de la Seine-Maritime, les cumuls sur les 12 derniers mois demeurent bien inférieurs aux normales. Il en est de même pour l’humidité des sols sur l’intégralité de la région.

La conséquence pour les cours d’eau normands de ce mois de pluviométrie globalement normal est une non-aggravation de la situation statistique entre mai et juin, au regard des normales de saison. Cette situation statistique pourtant très favorable il y a encore 3 mois, n’a fait que se dégrader depuis février. Il n’en demeure pas moins que les débits ont poursuivi leur baisse progressive - temporairement interrompue par les épisodes pluvieux de juin - et que la situation hydrologique sur l’ouest de la Normandie reste sèche, voire très sèche, pour une entame d’été, comparable sur de nombreux cours d’eau au début d’été 2022 qui avait été marqué par un étiage sévère en juillet et août.

Une aide à la lecture de l’hydrologie normande

La Normandie est une région à l’interface entre les formations anciennes du massif armoricain sur son tiers ouest, dites du socle, et les formations sédimentaires plus récentes du bassin parisien sur les deux tiers est. Ces deux entités géologiques s’opposent par leurs caractéristiques physiques en lien avec leur âge et leur origine. Cette diversité géologique, additionnée d’un gradient climatique ouest-est et sud-nord se traduit naturellement par une diversité de comportements hydrologiques sur le territoire. La carte ci-dessous présente le territoire couvert par les unités d’hydrométrie de la DREAL Normandie, ainsi que les 4 zones utilisées pour commenter chaque mois la situation hydrologique dans différents secteurs normands. Ce zonage (massif armoricain, bassin parisien sud-Seine, bassin parisien nord-Seine, pays de Bray) a été construit de sorte à proposer une synthèse de la situation hydrologique représentative d’un ensemble de bassins versants dont le fonctionnement hydrologique est généralement assez homogène.

Carte lithologique au 1/1000000 ème et répartition des quatre grands ensembles hydrologiques. Survoler un des ensembles pour obtenir des informations sur son fonctionnement.

Précipitations, pluies efficaces, humidité des sols et écart aux normales

Les cartes ci-dessous sont produites par la DREAL à partir des données de la chaîne de modélisation SIM de Météo-France. Elles peuvent donc présenter de légères différences avec une analyse issue d’une autre donnée d’entrée produite par Météo-France.

Sur 1 mois

Pour le mois de juin, les pluies cumulées s’étendent entre 28 et 149 mm. A l’échelle de la région, cela correspond en moyenne à des écarts aux normales de 4 mm.

Les cumuls sont donc très disparates sur la région et reflètent les situations orageuses observées ce mois. Ces différents évènements orageux ont amené des cumuls quotidiens parfois très importants. On citera notamment le pluviomètre de Rouen qui a enregistré 47.4 mm le 13 juin mais surtout celui de Bernay sur lequel trois épisodes orageux intenses sont observés avec 37.4 mm le 5 juin, 36.8 mm le 13 juin et 54.9 mm le 25 juin. Cette succession d’épisodes orageux explique notamment les cumuls importants sur les bassins de la Risle et de la Charentonne, ainsi que sur l’amont des bassins de l’Orbiquet et de la Calonne, avec des valeurs de précipitations bien au-delà des normales. On notera également que c’est sur le département de l’Orne, et notamment sur le Perche, que les déficits pluviométriques les plus importants ont été observés.

Les pluies efficaces, quant à elles, s’échelonnent entre -38 et 55 mm. A l’échelle de la région, cela correspond en moyenne à des écarts aux normales de 9 mm.

Concernant les précipitations efficaces, on retiendra sur ce mois que seule la zone très arrosée à l’est du pays d’Auge et sur les bassins versants de la Risle et de la Charentonne affiche des valeurs positives. Le centre de cette zone affiche d’ailleurs un excédent de pluie efficaces de plus de 100 mm.

A contrario, c’est au cœur du pays de Caux qu’est observé le plus important déficit de pluies efficaces avec des valeurs comprises entre - 10 mm et - 25 mm par rapport aux valeurs moyennes d’un mois de juin.

*Données de précipitations issues du modèle SIM de Meteo-France. Les cartes de gauche correspondent aux cumul estimés, alors que les cartes de droites correspondent à l'écart absolu (en mm)  aux normales 1991-2020 sur la même période.*

Données de précipitations issues du modèle SIM de Meteo-France. Les cartes de gauche correspondent aux cumul estimés, alors que les cartes de droites correspondent à l’écart absolu (en mm) aux normales 1991-2020 sur la même période.

Sur 12 mois

Sur les 12 derniers mois, les pluies cumulées s’étendent entre 623 et 1036 mm. Cela correspond en moyenne régionale à des écarts aux normales de -36 mm.

Avec des cumuls plus marqués que les quatre mois précédents, ce mois de juin 2025 permet d’atténuer légèrement le déficit quasi généralisé qui se mettait en place à l’échelle de la région. En effet, une bonne partie de l’Eure, ainsi que le centre-est du Calvados affichent dorénavant des valeurs légèrement au-dessus des normales. Le secteur le plus excédentaire se trouvant toujours sur l’amont du bassin versant de l’Eure grâce à des précipitations très excédentaires lors de cet hiver.

Par ailleurs, c’est toujours sur le Nord de la Seine-Maritime et de la Manche que l’on retrouve les secteurs les plus déficitaires.

Les pluies efficaces, quant à elles, s’échelonnent entre 126 et 421 mm. Cela correspond en moyenne régionale à des écarts aux normales de -26 mm.

Les cumuls de pluies efficaces sur un an restent partout inférieurs à 400 mm. Ce mois de juin permet également de limiter légèrement le déficit généralisé observé le mois dernier. En effet, un bon tiers de la région affiche encore des valeurs légèrement excédentaires (entre 0 mm et 100 mm).

C’est le centre de la Seine-Maritime qui affiche les valeurs de précipitations efficaces les plus déficitaires sur les 12 derniers mois (entre - 100 mm et - 200 mm).

*Données de précipitations issues du modèle SIM de Meteo-France. Les cartes de gauche correspondent aux cumul estimés, alors que les cartes de droites correspondent à l'écart absolu (en mm)  aux normales 1991-2020 sur la même période.*

Données de précipitations issues du modèle SIM de Meteo-France. Les cartes de gauche correspondent aux cumul estimés, alors que les cartes de droites correspondent à l’écart absolu (en mm) aux normales 1991-2020 sur la même période.

Chronologie par ensemble hydrologique

Ce mois de juin marque une fin de série de 4 mois déficitaires sur l’ensemble des secteurs de la région. Toutefois, l’excédent observé au cours de ce mois reste souvent relativement faible. Depuis le mois de septembre 2024, on observe nettement une succession de mois déficitaires (à l’exception du mois de janvier 2025, très excédentaire) qui contraste fortement avec la saison hydrologique précédente (septembre 2023 - août 2024) où les mois de pluies excédentaires étaient alors largement majoritaires.

Concernant les valeurs de précipitations sur 12 mois cumulés, celles-ci restent déficitaires sur 3 des 4 secteurs définis. Seul le bassin parisien du sud-seine affiche un cumul pluviométrique sur 12 mois quasi conforme à la normale.

A la fin du mois, l’écart aux normales des précipitations annuelles (courbe verte) par ensemble hydrologique se distingue comme suit:

  • -76 mm pour le Massif armoricain;
  • 8 mm pour le Bassin parisien sud-Seine;
  • -63 mm pour le Bassin parisien nord-Seine;
  • -114 mm pour le Pays de Bray.

Anomalie de précipitation mensuelle et annuelle pour chaque secteur hydrologique. L’anomalie mensuelle est représentée sous forme de barres représentant le déficit (rouge) ou l’excédent (bleu) de pluie en mm. L’anomalie annuelle est représentée par la courbe continue verte, elle calculée sur 12 mois glissants : la valeur (en mm) d’un mois donné correspond à la somme des barres des 12 mois précédents.

Humidité du sol

En moyenne mensuelle, pour ce mois de juin , l’indice d’humidité des sols est compris entre 0.18 et 0.5 avec une moyenne de 0.32. Les écarts aux normales s’étendent entre -58% et -7% pour une moyenne de -36%.

Malgré les précipitations parfois conséquentes sur certains secteurs au cours de ce mois, les sols normands restent donc relativement secs et continuent d’afficher des valeurs inférieures aux normales. Les secteurs de l’Alençonnais et du Perche sont les plus déficitaires sur ce mois.

*Répartition de l’indice d’humidité des sols «SWI» (de l’anglais Soil Wetness Index). Il représente, sur une profondeur d’environ deux mètres, l’état de la réserve en eau du sol par rapport à la réserve utile (eau disponible pour l’alimentation des plantes). Si le SWI est égal à 0, le sol est très sec et les végétaux ne peuvent plus en tirer d’eau, tandis que si le SWI est égale à un le sol à atteint sa réserve utile. Le SWI peut être inférieur à 0 (stress hydrique) ou supérieur à 1 (dépasse la réserve utile).*

Répartition de l’indice d’humidité des sols «SWI» (de l’anglais Soil Wetness Index). Il représente, sur une profondeur d’environ deux mètres, l’état de la réserve en eau du sol par rapport à la réserve utile (eau disponible pour l’alimentation des plantes). Si le SWI est égal à 0, le sol est très sec et les végétaux ne peuvent plus en tirer d’eau, tandis que si le SWI est égale à un le sol à atteint sa réserve utile. Le SWI peut être inférieur à 0 (stress hydrique) ou supérieur à 1 (dépasse la réserve utile).

Situation hydrologique

Cartographie et distribution statistique sur la région

Carte des débits de base (Q3Jn)

Le débit de base des cours d’eau, est représenté par la variable Q3Jn mensuel. Par rapport au mois précédent, les débits de base évoluent en moyenne de:

  • -8% [-21%; -1%] pour le Bassin parisien nord-Seine avec une période de retour moyenne de 3 ans humide contre 3 ans humide le mois précédent;

  • -18% [-47%; -2%] pour le Bassin parisien sud-Seine avec une période de retour moyenne de 2 ans humide contre 2 ans humide le mois précédent;

  • -24% [-32%; -12%] pour le Pays de Bray avec une période de retour moyenne de 3 ans sec contre 3 ans sec le mois précédent;

  • -34% [-67%; -10%] pour le Massif armoricain avec une période de retour moyenne de 5 ans sec contre 6 ans sec le mois précédent.

Les débits de base sont partout atteints au cours de la dernière décade de juin excepté sur la Valmont à Colleville qui les enregistre en début de mois. Les passages pluvieux successifs de juin ont contribué à ralentir la baisse saisonnière des débits, mais les rivières normandes enregistrent à nouveau et pour le quatrième mois consécutif une diminution généralisée de leurs débits de base.

La situation statistique de juin est très similaire à celle de mai à l’échelle de la région. Sur la carte ci-dessous on observera un contraste marqué entre les stations du massif armoricain dont plus des deux tiers se maintiennent dans une situation statistique très sèche (débits de base inférieurs aux valeurs quinquennales sèches) et le reste de la région qui présente une situation proche des normales de saison voire légèrement humide, notamment sur le secteur du bassin parisien nord-Seine où la fréquence de retour est supérieure à la triennale humide sur deux tiers des stations, majoritairement situées dans le Pays de Caux.

Pour illustrer la relative sévérité de ce tarissement saisonnier sur l’ouest de la région, la moitié des stations du massif armoricain enregistre les débits de base figurant parmi les cinq plus bas observés pour un mois de juin depuis le début des enregistrements. Pour la Sélune à Notre-Dame-du-Touchet, la Mayenne à Madré et la Sienne à Cérences, il s’agit de la seconde valeur la plus basse pour un mois de juin (respectivement sur 33, 31 et 17 ans d’enregistrement).

Qualification statistique saisonnière du débit de base. Chaque point correspond à un site hydrométrique. Il est coloré en fonction de la rareté de la variable Q3Jn du mois en cours relativement aux statistiques de ce mois de l’année. Le survol avec la souris d’un site sur la carte à gauche permet de visualiser son nom et de repérer ce même site sur le graphique à droite, et inversement. Dans le graphique de droite, les sites sont regroupés au sein des 4 grands ensembles hydrogéologiques . Les sites de la Seulles à Tierceville, l’Orne à La Courbe, à Grimbosq, à Thury-Harcourt, la Laize à Fresney-le-Puceux, la Béthune à Saint-Aubin-le-Cauf, l’Epte à Fourges et l’Andelle à Vascoeuil présentent la particularité d’avoir leur bassin versant à cheval sur deux ensembles hydrologiques : ils ont été positionnés au sein d’un de ces deux ensembles, mais peuvent, de fait, présenter une situation hydrologique hydride. Enfin, certains sites identifiés comme focus (anneau noir) font l’objet de commentaires détaillés dans la section suivante.

Carte des débits moyens mensuels (QMM)

Le débit moyen mensuel QMM est une variable qui intègre l’ensemble des écoulements mesuré sur le mois. Il est donc au moins supérieur ou égal au Q3Jn et sera d’autant plus élevé qu’il a beaucoup plu sur le mois considéré. Par rapport au mois précédent, les débits moyens mensuels évoluent en moyenne de:

  • -7% [-21%; 1%] pour le Bassin parisien nord-Seine avec une période de retour moyenne de 3 ans humide contre 3 ans humide le mois précédent;

  • -16% [-40%; -2%] pour le Bassin parisien sud-Seine avec une période de retour moyenne de 2 ans sec contre 3 ans sec le mois précédent;

  • -12% [-30%; 4%] pour le Pays de Bray avec une période de retour moyenne de 3 ans sec contre 4 ans sec le mois précédent;

  • -20% [-47%; 6%] pour le Massif armoricain avec une période de retour moyenne de 6 ans sec contre 10 ans sec le mois précédent.

Le tarissement saisonnier des cours d’eau normands se poursuit en juin avec une baisse généralisée des débits sur les quatre grands secteurs géologiques de la région, et ce pour le cinquième mois consécutif.

Toutefois, les épisodes pluvieux successifs de juin ont nettement atténué cette diminution saisonnière des débits mensuels, surtout dans les secteurs réactifs du pays de Bray et du massif armoricain. C’est le cas notamment de la Soulles, la Sienne ou l’Airou, qui affichent en juin des débits moyens mensuels relativement stables par rapport au mois précédent, voire même en légère augmentation sur la Souleuvre à Carville.

La carte des débits moyens mensuels, ainsi que le graphique des périodes de retour associées, illustrent clairement ce ralentissement dans la baisse des débits dans l’ouest de la région. En effet, alors qu’en mai un tiers des stations du massif armoricain enregistraient des débits mensuels inférieurs aux valeurs vingtennales sèches, il n’y a que la Seulles à Juvigny qui présente encore en juin des valeurs aussi faibles. La situation globale demeure toutefois très sèche pour la saison sur le massif armoricain avec près des deux tiers des stations qui se maintiennent sous le seuil des valeurs quinquennales sèches et la moitié des stations qui enregistrent des débits mensuels figurant parmi les cinq plus bas observés pour un mois de juin depuis le début des enregistrements. Pour la Mayenne à Madré et la Sienne à Cérences, il s’agit du second mois de juin le plus sec sur respectivement 31 et 17 ans d’enregistrement.

Côté bassin parisien l’effet des pluies de juin est moins marqué. Au nord de la Seine, la situation reste légèrement humide, et stable par rapport à mai, à l’exception des cours d’eau du Pays de Bray logiquement plus secs après plusieurs mois consécutifs de pluies déficitaires. Sur le secteur sud-Seine, bien que les précipitations aient permis d’enrayer la baisse progressive des débits observée depuis février, la situation globale évolue assez peu avec des débits qui se maintiennent à des valeurs proches des normales saisonnières, voire modérément sèches.

Qualification statistique saisonnière du débit moyen mensuel. Chaque point correspond à un site hydrométrique. Il est coloré en fonction de la rareté de la variable QMM du mois en cours relativement aux statistiques de ce mois de l’année. Le survol avec la souris d’un site sur la carte à gauche permet de visualiser son nom et de repérer ce même site sur le graphique à droite, et inversement. Dans le graphique de droite, les sites sont regroupés au sein des 4 grands ensembles hydrogéologiques . Les sites de la Seulles à Tierceville, l’Orne à La Courbe, à Grimbosq, à Thury-Harcourt, la Laize à Fresney-le-Puceux, la Béthune à Saint-Aubin-le-Cauf, l’Epte à Fourges et l’Andelle à Vascoeuil présentent la particularité d’avoir leur bassin versant à cheval sur deux ensembles hydrologiques : ils ont été positionnés au sein d’un de ces deux ensembles, mais peuvent, de fait, présenter une situation hydrologique hydride. Enfin, certains sites identifiés comme focus (anneau noir) font l’objet de commentaires détaillés dans la section suivante.

Evolution pluri-annuelle

On visualise bien sur le diagramme pluri-annuel ci-dessous:

  • la séverité de l’étiage 2022 sur le massif armoricain et le Pays de Bray où des débits inférieurs aux débits décennaux secs ont été observés de mai jusqu’à novembre 2022, voire inférieurs aux débits vingtennaux secs sur la période la plus critique de juillet à septembre 2022. En comparaison, l’étiage 2023 sur ces deux secteurs a été clément et l’étiage 2024 encore plus;

  • l’étiage 2023 généralement plus sec que celui de 2022 sur les cours d’eau du bassin parisien au sud de la Seine, du bassin de l’Eure jusqu’au bassin de la Dives, en passant par l’amont des bassins de l’Huisne et de la Sarthe. Sur ce secteur également, l’étiage 2024 a été autrement plus clément du point de vue de la ressource en eau;

  • les cours d’eau du Pays de Caux au nord de la Seine qui ont beaucoup mieux résisté à cette séquence 2022 - 2023 que les autres cours d’eau normands, à l’exception de la Bresle en 2022;

  • sur tous les cours d’eau normands, la rupture très marquée qui est survenue en novembre 2023, faisant basculer les débits des cours d’eau dans une situation plus humide que les normales. Sur une longue période d’un an et demi environ s’étendant jusqu’au printemps 2025, les débits des cours d’eau se sont maintenus le plus souvent au-dessus des normales saisonnières de façon quasi continue, avec deux hivers successifs particulièrement humides, un printemps 2024 arrosé ponctué de crues tardives et localement fortes et enfin un étiage 2024 très peu marqué entre les deux;

  • depuis la fin de l’hiver 2024-2025, on observe un glissement progressif mais désormais bien installé vers une situation à nouveau sèche sur les cours d’eau du massif armoricain, du Pays de Bray et du bassin parisien sud-Seine (plus lentement toutefois sur ces deux derniers secteurs) . Pour ces 3 secteurs, le diagramme montre qu’il faut remonter à 2023 pour retrouver des situations statistiques analogues. Seuls les cours d’eau cauchois dans le secteur “bassin parisien Nord-Seine” se démarquent encore de cette tendance.

Evolution mensuelle de la qualification statistique du débit de base (Q3Jn). Ce diagramme permet de visualiser pour l’ensemble des sites utilisés dans ce bulletin, mois par mois depuis 3 ans, la rareté du débit de base pour le mois considéré. Chaque site est représenté par une ligne à l’intérieur de laquelle chaque case correspond à un mois. La couleur de la case représente la période de retour du Q3Jn de ce site pour ce mois. Le nom du site et la date d’observation du Q3Jn de chaque mois est accessible en survolant le graphique, case par case. Analysé site par site, par grand ensemble hydrogéologique ou à l’échelle complète de la Normandie, ce diagramme donne à voir les grandes tendances hydrologiques sur une profondeur de 3 ans.

Dynamique hydrologique sur l’année et sur le mois : focus sur quelques sites

Les hydrogrammes présentés ci-après illustrent de façon plus détaillée la situation hydrologique de quelques cours d’eau dont les comportements sont jugés soit représentatifs ce mois-ci des 4 grandes ensembles hydrologiques de la région soit, au contraire, présentent un caractère singulier utile à commenter. Les stations identifiées en focus dans les cartes précédentes sont utilisées à cette fin. Les graphiques couvrent une période de 3 ans environ, permettant ainsi de suivre l’évolution des débits journaliers des derniers mois et de comparer d’une année à l’autre la situation pour une même saison.

Nous invitons le lecteur pour un suivi fin et sur de plus longues périodes, à se référer à la plateforme de suivi de la situation hydrologique normande, ou encore directement sur l’HydroPortail.

Pays de Bray

Sur le pays de Bray, comme sur le massif armoricain, les formations géologiques sont moins aptes à restituer abondamment a posteriori les excédents de pluies hivernaux, notamment ceux de janvier 2025: l’effet du déficit de pluies accumulé depuis février se voit nettement sur les hydrogrammes des cours d’eau. Sur la station de l’Epte amont à Gournay-en-Bray, les débits de base sont passés en deux mois - de février à avril - d’une période de retour de 3 à 5 ans humide à 3 à 5 ans sèche. Les débits ont logiquement baissé en mai et juin, mais la situation ne s’est pas aggravée depuis avril en comparaison des statistiques saisonnières, grâce aux averses qui ont assuré une pluviométrie normale en juin : la situation y est toujours modérément sèche fin juin.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Bassin parisien nord-Seine

Comme à son habitude depuis 2 ans, c’est le bassin parisien au nord de la Seine qui résiste le mieux au déficit de pluie, grâce à ses réserves souterraines très généreuses. A ce jour, l’ensemble des sites hydrologiques suivis présentent toujours des débits de base et mensuels au moins équivalents aux normales de saison et ce malgré un déficit de pluie répété depuis février. On notait le mois dernier toutefois une différence entre le pays de Caux et la région du Tréport plus au nord, les cours d’eau de ce dernier ayant entamé leur baisse printanière plus rapidement. A cette différence toujours présente, s’ajoute une autre, moins marquée mais toutefois visible au sein des cours d’eau cauchoix : les cours d’eau côtiers - ici représentés par la Durdent à Vittefleur - connaissent une baisse lente de leurs débits, qui suivent des courbes parallèles aux courbes statistiques saisonnières alors que les cours d’eau affluents de la Seine - ici représentés par le Cailly - voient leurs débits baisser à un rythme plus élevé depuis avril, se rapprochant nettement de la médiane en ce début d’été.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Bassin parisien sud-Seine

Comme en mai, on retrouve sur ce secteur du bassin parisien sud-Seine des situations souvent proches des normales d’un début d’été. Les cours d’eau y sont soutenus par des nappes moins puissantes que dans les pays de Caux mais toutefois bien plus généreuses que la majorité des aquifères fragmentés et souvent moins productifs du massif armoricain, d’où une situation hydrologique intermédiaire entre ces deux secteurs voisins. Au sein de cet ensemble, le rythme de tarissement (c’est à dire la baisse naturelle progressive des débits en l’absence de pluies) varie toutefois assez nettement d’un secteur à l’autre, aboutissant à l’issue d’un printemps sec à un dégradé de situations hydrologiques avec des débits de base de juin allant de modérément humides (ici sur la Calonne qui dispose d’un très bon soutien d’étiage par la nappe, comme son voisin l’Orbiquet au sud, et également bien arrosés en juin), à modérément secs sur des têtes de bassins versant (ici sur la Risle amont à Rai, mais également sur la Touques amont à Mardilly ou sur l’Ure à Bourg-Saint-Léonard) en passant pas des valeurs conformes aux normales (ici sur l’Iton aval à Normanville).

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Massif armoricain

Les cours d’eau du massif armoricain continuent de se démarquer du reste de la région. Les débits y sont presque partout plus secs que les normales saisonnières et ce assez nettement désormais depuis mai. Le déficit pluviométrique cumulé depuis février a abouti à une baisse quasi-ininterrompue des débits bien visibles sur tous les hydrogrammes. Des débits de base plus bas que les valeurs décennales sèches sont observés sur de nombreux cours d’eau en juin, comme la Sienne à Cérences dans le centre-Manche ou la Varenne à Saint-Fraimbault dans le sud-ouest de l’Orne. Sur ces stations, la situation est souvent proche de celle de juin 2022, année marquée par un étiage sévère en juillet et août. On observe encore sur quelques rares stations hydrométriques des débits proches des normales : c’est le cas sur l’Orne aval à Grimbosq en raison des apports plus soutenus de l’Orne amont située en partie sur les formations du bassin parisien et également sur quelques cours d’eau de la Manche bénéficiant d’une géologie - notamment granitique - plus propice au soutien naturel de l’étiage : ci-dessous sur la Saire dans le Cotentin, mais aussi dans une moindre mesure, sur la Sélune et son affluent le Beuvron.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Glossaire

Année hydrologique : période continue de douze mois choisie de façon à minimiser les reports hydrologiques d’une année sur l’autre. Elle débute à une date de l’année où les réserves sont au plus bas et est donc choisie en fonction des conditions climatiques de chaque région. En Normandie, celle-ci débute par convention au 1er septembre.

Évapotranspiration : quantité d’eau évaporée (à la surface du sol et des étendues d’eau) et transpirée par les plantes. Elle peut être potentielle (quantité d’eau potentiellement mis en jeu) ou réelle (quantité d’eau effectivement évapotranspirée).

Pluies efficaces : les pluies (ou précipitations) efficaces sont égales à la différence entre les précipitations totales et l’évapotranspiration réelle. Ces précipitations sont soit stockées, soit infiltrées (recharge des nappes) soit ruisselées.

Niveau piézométrique (ou par raccourci piézométrie): altitude ou profondeur (par rapport au sol) de la surface de la nappe souterraine.

Recharge des nappes: période/phénomène d’augmentation des niveaux des eaux souterraines. On parle régulièrement de recharge hivernale.

Vidange des nappes: période/phénomène de baisse des niveaux des eaux souterraines. On parle régulièrement de vidange estivale.

Débit de base / VCN3 / Q3Jn : il s’agit du débit du cours d’eau en l’absence de ruissellement consécutif à de récentes précipitations. La grandeur choisie pour le quantifier est le VCN3, débit moyen minimal calculé sur trois jours consécutifs pour une période donnée (mensuelle pour ce bulletin)

Hydraulicité : rapport du débit moyen sur une période donnée (mensuelle ou annuelle) à sa moyenne interannuelle sur cette même période. Elle permet de positionner simplement le débit d’une année ou d’un mois donné par rapport à l’année normale ou au mois normal.

Médiane : pour un échantillon de valeurs ordonnées, la médiane correspond à la valeur qui se trouve au point milieu de cette liste, permettant de couper l’ensemble des valeurs en deux parties égales (50%) en nombre de valeurs. Elle diffère de la moyenne de ces valeurs.

Fréquence ou Période de retour : la fréquence (au dépassement) d’un événement est la probabilité que cet événement soit atteint ou dépassé chaque année. La période de retour (ou récurrence) est l’inverse de la fréquence. Exemple : une crue décennale a, chaque année, une chance sur dix d’être atteinte ou dépassée

Débit mensuel quinquennal humide (resp. sec) : pour un mois considéré, c’est le débit mensuel qui a une probabilité de 1/5 (resp. 4/5) d’être dépassé chaque année. Il permet de caractériser un mois calendaire de forte hydraulicité.

Débit de base quinquennal humide (resp. sec) : c’est le débit de base (Q3Jn) qui a une probabilité de 1/5 (resp. 4/5) d’être dépassé chaque année.

Tarissement d’une rivière: phénomène de décroissance régulière du débit en l’absence de précipitations et d’intervention humaine

Étiage : période de l’année hydrologique où le débit d’un cours d’eau est bas. Il s’établit par le tarissement progressif du cours d’eau peu ou pas entrecoupé de précipitations.