Résumé du mois

Le mois d’avril est dans la continuité des deux mois précédents. En effet, le cumul pluviométrique du mois est faible et par conséquent les pluies efficaces à la recharge des nappes sont négatives sur l’ensemble de la région. Les valeurs observées pour ces deux paramètres sont également très inférieures aux attendus d’un mois d’avril. Le bilan hydrique sur les douze derniers mois commence à présenter des déficits marqués sur certains secteurs, en Seine-Maritime et dans la Manche. Pour la première fois depuis 2023, un déficit généralisé de l’humidité des sols est également observé.

Conséquence du déficit pluviométrique prolongé des derniers mois, la majorité des cours d’eau normands poursuivent leur baisse quasi-continue entamée en février. Seul le pays de Caux fait exception avec quelques cours d’eau dont les débits restent remarquablement stables et présentent une situation partout plus humide que les normales saisonnière. Ailleurs les débits sont passés d’une situation partout nettement humide en janvier à des valeurs au mieux proches des normales ou désormais majoritairement sèches sur le pays de Bray et à l’ouest de la région sur le massif armoricain. Sur ces deux secteurs, la baisse printanière est particulièrement rapide, aboutissant aux situations statistiques les plus sèches observées depuis deux ans (mars 2023) au regard des normales saisonnières.

Une aide à la lecture de l’hydrologie normande

La Normandie est une région à l’interface entre les formations anciennes du massif armoricain sur son tiers ouest, dites du socle, et les formations sédimentaires plus récentes du bassin parisien sur les deux tiers est. Ces deux entités géologiques s’opposent par leurs caractéristiques physiques en lien avec leur âge et leur origine. Cette diversité géologique, additionnée d’un gradient climatique ouest-est et sud-nord se traduit naturellement par une diversité de comportements hydrologiques sur le territoire. La carte ci-dessous présente le territoire couvert par les unités d’hydrométrie de la DREAL Normandie, ainsi que les 4 zones utilisées pour commenter chaque mois la situation hydrologique dans différents secteurs normands. Ce zonage (massif armoricain, bassin parisien sud-Seine, bassin parisien nord-Seine, pays de Bray) a été construit de sorte à proposer une synthèse de la situation hydrologique représentative d’un ensemble de bassins versants dont le fonctionnement hydrologique est généralement assez homogène.

Carte lithologique au 1/1000000 ème et répartition des quatre grands ensembles hydrologiques. Survoler un des ensembles pour obtenir des informations sur son fonctionnement.

Précipitations, pluies efficaces, humidité des sols et écart aux normales

Les cartes ci-dessous sont produites par la DREAL à partir des données de la chaîne de modélisation SIM de Météo-France. Elles peuvent donc présenter de légères différences avec une analyse issue d’une autre donnée d’entrée produite par Météo-France.

Sur 1 mois

Pour le mois de avril, les pluies cumulées s’étendent entre 15 et 41 mm. A l’échelle de la région, cela correspond en moyenne à des écarts aux normales de -32 mm.

Le mois d’avril est le troisième mois consécutif à afficher un déficit pluviométrique significatif sur l’ensemble du territoire normand. Dans l’Eure-et-Loire ce déficit est légèrement moins marqué. La carte des écarts aux normales ci-dessous montre une pluviométrie globalement homogène.

Les pluies efficaces, quant à elles, s’échelonnent entre -59 et -20 mm. A l’échelle de la région, cela correspond en moyenne à des écarts aux normales de -39 mm.

Pour ce mois d’avril, les précipitations efficaces sont systématiquement négatives sur le territoire : le volume évaporé et consommé par la végétation est supérieur à celui précipité. Ce bilan hydrique négatif se retrouve sur la carte des écarts aux normales montrant un déficit généralisé.

*Données de précipitations issues du modèle SIM de Meteo-France. Les cartes de gauche correspondent aux cumul estimés, alors que les cartes de droites correspondent à l'écart absolu (en mm)  aux normales 1991-2020 sur la même période.*

Données de précipitations issues du modèle SIM de Meteo-France. Les cartes de gauche correspondent aux cumul estimés, alors que les cartes de droites correspondent à l’écart absolu (en mm) aux normales 1991-2020 sur la même période.

Sur 12 mois

Sur les 12 derniers mois, les pluies cumulées s’étendent entre 712 et 1084 mm. Cela correspond en moyenne régionale à des écarts aux normales de 10 mm.

Alors que l’Orne, le Calvados, l’Eure et l’Eure-et-Loir montrent toujours une pluie annuelle supérieure aux normales, le déficit se creuse sur la Seine-Maritime et la Manche.

Les pluies efficaces, quant à elles, s’échelonnent entre 207 et 437 mm. Cela correspond en moyenne régionale à des écarts aux normales de 11 mm.

Au regard des pluies efficaces, la répartition est sensiblement identique que pour les pluies brutes avec une opposition entre l’intérieur des terres (en excédent) et les cotes (en déficit).

*Données de précipitations issues du modèle SIM de Meteo-France. Les cartes de gauche correspondent aux cumul estimés, alors que les cartes de droites correspondent à l'écart absolu (en mm)  aux normales 1991-2020 sur la même période.*

Données de précipitations issues du modèle SIM de Meteo-France. Les cartes de gauche correspondent aux cumul estimés, alors que les cartes de droites correspondent à l’écart absolu (en mm) aux normales 1991-2020 sur la même période.

Chronologie par ensemble hydrologique

Nous retrouvons sur ce graphique l’évolution mensuelle des cumuls de pluie brute ainsi que le cumul glissant sur une année. Février, mars et avril marquent une rupture sur le territoire normand et semblent clôturer définitivement une période d’abondance de précipitations. Cette rupture s’étend même déjà au début de l’année hydrologique (septembre 2024) sur le massif armoricain. Seule la zone sud seine reste désormais supérieure aux normales au regard de la pluie cumulée sur 12 mois.

A la fin du mois, l’écart aux normales des précipitations annuelles (courbe verte) par ensemble hydrologique se distingue comme suit:

  • -49 mm pour le Massif armoricain;
  • 75 mm pour le Bassin parisien sud-Seine;
  • -33 mm pour le Bassin parisien nord-Seine;
  • -71 mm pour le Pays de Bray.

Anomalie de précipitation mensuelle et annuelle pour chaque secteur hydrologique. L’anomalie mensuelle est représentée sous forme de barres représentant le déficit (rouge) ou l’excédent (bleu) de pluie en mm. L’anomalie annuelle est représentée par la courbe continue verte, elle calculée sur 12 mois glissants : la valeur (en mm) d’un mois donné correspond à la somme des barres des 12 mois précédents.

Humidité du sol

En moyenne mensuelle, pour ce mois de avril , l’indice d’humidité des sols est compris entre 0.51 et 0.69 avec une moyenne de 0.61. Les écarts aux normales s’étendent entre -29% et -3% pour une moyenne de -17%.

Avec une pluviométrie déficitaire pour un troisième consécutif, les sols normands sont logiquement plus secs qu’ils ne l’étaient le mois dernier (0.83 en moyenne en mars). La région affiche désormais un léger déficit généralisé. Seules les cotes du Calvados, la plaine de Caen et une partie de la Beauce continuent d’afficher des valeurs de saison.

*Répartition de l’indice d’humidité des sols «SWI» (de l’anglais Soil Wetness Index). Il représente, sur une profondeur d’environ deux mètres, l’état de la réserve en eau du sol par rapport à la réserve utile (eau disponible pour l’alimentation des plantes). Si le SWI est égal à 0, le sol est très sec et les végétaux ne peuvent plus en tirer d’eau, tandis que si le SWI est égale à un le sol à atteint sa réserve utile. Le SWI peut être inférieur à 0 (stress hydrique) ou supérieur à 1 (dépasse la réserve utile).*

Répartition de l’indice d’humidité des sols «SWI» (de l’anglais Soil Wetness Index). Il représente, sur une profondeur d’environ deux mètres, l’état de la réserve en eau du sol par rapport à la réserve utile (eau disponible pour l’alimentation des plantes). Si le SWI est égal à 0, le sol est très sec et les végétaux ne peuvent plus en tirer d’eau, tandis que si le SWI est égale à un le sol à atteint sa réserve utile. Le SWI peut être inférieur à 0 (stress hydrique) ou supérieur à 1 (dépasse la réserve utile).

Situation hydrologique

Cartographie et distribution statistique sur la région

Carte des débits de base (Q3Jn)

Le débit de base des cours d’eau, est représenté par la variable Q3Jn mensuel. Par rapport au mois précédent, les débits de base évoluent en moyenne de:

  • -9% [-25%; 3%] pour le Bassin parisien nord-Seine avec une période de retour moyenne de 4 ans humide contre 6 ans humide le mois précédent;

  • -24% [-57%; -3%] pour le Bassin parisien sud-Seine avec une période de retour moyenne de 2 ans humide contre 4 ans humide le mois précédent;

  • -40% [-45%; -32%] pour le Pays de Bray avec une période de retour moyenne de 5 ans sec contre 3 ans sec le mois précédent;

  • -47% [-67%; -26%] pour le Massif armoricain avec une période de retour moyenne de 5 ans sec contre 2 ans sec le mois précédent.

Avec une pluviométrie mensuelle très faible, les débits de base sont atteints autour du 30 avril sur presque toutes les stations normandes. À l’exception de certains cours d’eau du pays de Caux tels que la Ganzeville, la Lézarde ou la Durdent qui parviennent à maintenir des débits stables, les rivières normandes connaissent en avril et pour le deuxième mois consécutif, une baisse généralisée de leurs débits de base.

En cette période de diminution saisonnière des débits, l’absence de précipitations significatives depuis presque trois mois accentue les disparités de fonctionnement entre les différentes entités géologiques.

Ainsi les cours d’eau du massif armoricain et du pays de Bray basculent ce mois-ci, et pour la première fois depuis quasiment 2 ans, dans une situation statistique sèche. Quelques stations, encore minoritaires, affichent des débits de base plus faibles que les valeurs décennales sèches d’avril sur le Noireau, la Souleuvre, la Vire et l’Ay. Cependant quelques rivières dans la Manche mieux soutenus par les apports souterrains tels que la Braize, la Saire, la Sélune ou le Beuvron, parviennent à se maintenir à des valeurs de saison.

Sur le bassin parisien, le contraste entre les secteurs nord et sud-Seine est également bien marqué ce mois-ci. En raison de leur forte inertie, les rivières cauchoises continuent de se maintenir dans une situation statistique humide. On peut citer notamment le Cailly à Cailly qui enregistre, comme en mars, la seconde valeur mensuelle la plus forte observée depuis le début des enregistrements (depuis 27 ans). A l’inverse, dans le sud-Seine les signes du tarissement saisonnier sont déjà bien visibles, une majeure partie des cours d’eau de ce secteur ayant basculé d’une situation humide le mois dernier à des valeurs proches des normales ce mois-ci.

Qualification statistique saisonnière du débit de base. Chaque point correspond à un site hydrométrique. Il est coloré en fonction de la rareté de la variable Q3Jn du mois en cours relativement aux statistiques de ce mois de l’année. Le survol avec la souris d’un site sur la carte à gauche permet de visualiser son nom et de repérer ce même site sur le graphique à droite, et inversement. Dans le graphique de droite, les sites sont regroupés au sein des 4 grands ensembles hydrogéologiques . Les sites de la Seulles à Tierceville, l’Orne à La Courbe, à Grimbosq, à Thury-Harcourt, la Laize à Fresney-le-Puceux, la Béthune à Saint-Aubin-le-Cauf, l’Epte à Fourges et l’Andelle à Vascoeuil présentent la particularité d’avoir leur bassin versant à cheval sur deux ensembles hydrologiques : ils ont été positionnés au sein d’un de ces deux ensembles, mais peuvent, de fait, présenter une situation hydrologique hydride. Enfin, certains sites identifiés comme focus (anneau noir) font l’objet de commentaires détaillés dans la section suivante.

Carte des débits moyens mensuels (QMM)

Le débit moyen mensuel QMM est une variable qui intègre l’ensemble des écoulements mesuré sur le mois. Il est donc au moins supérieur ou égal au Q3Jn et sera d’autant plus élevé qu’il a beaucoup plu sur le mois considéré. Par rapport au mois précédent, les débits moyens mensuels évoluent en moyenne de:

  • -9% [-27%; 2%] pour le Bassin parisien nord-Seine avec une période de retour moyenne de 4 ans humide contre 5 ans humide le mois précédent;

  • -29% [-60%; -5%] pour le Bassin parisien sud-Seine avec une période de retour moyenne de 3 ans sec contre 2 ans sec le mois précédent;

  • -46% [-52%; -37%] pour le Pays de Bray avec une période de retour moyenne de 7 ans sec contre 6 ans sec le mois précédent;

  • -52% [-73%; -28%] pour le Massif armoricain avec une période de retour moyenne de 6 ans sec contre 3 ans sec le mois précédent.

À l’issue de ce troisième mois consécutif marqué par un déficit pluviométrique, les débits moyens mensuels continuent de diminuer sur la majorité des cours d’eau normands. Seules certaines rivières cauchoises, telles que la Ganzeville, la Lézarde, la Durdent ou la Saâne, démontrent leur forte résilience face à ce manque de pluie en maintenant des débits mensuels stables.

Comme pour les débits de base, la carte des débits moyens mensuels et le graphique des périodes de retour associé mettent en évidence à la fois un clivage est-ouest prononcé, mais aussi un contraste fort entre les deux zones du bassin parisien (hors Pays de Bray).

Dans le secteur sud-Seine les débits moyens mensuels sont revenus à des valeurs proches des normales saisonnières, voire modérément sèches tandis qu’au nord de la Seine la situation statistique reste humide pour un mois d’avril. On notera qu’une bonne moitié des stations du pays de Caux affichent des fréquences de retour supérieures à la quinquennale humide.

En revanche les débits moyens des rivières du massif armoricain et du pays de Bray ont clairement basculé vers une situation sèche. La plupart des cours d’eau présentent des périodes de retour supérieures à la triennale sèche, voire à la décennale sèche pour un tiers d’entre elles.

Illustration de ce contraste marqué entre l’est et l’ouest de la région : ce mois d’avril a été le deuxième plus humide jamais observé depuis le début des enregistrements pour le Cailly à Cailly (depuis 27 ans), tandis qu’il a été le deuxième le plus sec jamais observé depuis le début des enregistrements pour la Mayenne à Madré (depuis 31 ans).

Qualification statistique saisonnière du débit moyen mensuel. Chaque point correspond à un site hydrométrique. Il est coloré en fonction de la rareté de la variable QMM du mois en cours relativement aux statistiques de ce mois de l’année. Le survol avec la souris d’un site sur la carte à gauche permet de visualiser son nom et de repérer ce même site sur le graphique à droite, et inversement. Dans le graphique de droite, les sites sont regroupés au sein des 4 grands ensembles hydrogéologiques . Les sites de la Seulles à Tierceville, l’Orne à La Courbe, à Grimbosq, à Thury-Harcourt, la Laize à Fresney-le-Puceux, la Béthune à Saint-Aubin-le-Cauf, l’Epte à Fourges et l’Andelle à Vascoeuil présentent la particularité d’avoir leur bassin versant à cheval sur deux ensembles hydrologiques : ils ont été positionnés au sein d’un de ces deux ensembles, mais peuvent, de fait, présenter une situation hydrologique hydride. Enfin, certains sites identifiés comme focus (anneau noir) font l’objet de commentaires détaillés dans la section suivante.

Evolution pluri-annuelle

On visualise bien sur le diagramme pluri-annuel ci-dessous:

  • la séverité de l’étiage 2022 sur le massif armoricain et le Pays de Bray où des débits inférieurs aux débits décennaux secs ont été observés de mai jusqu’à novembre 2022, voire inférieurs aux débits vingtennaux secs sur la période la plus critique de juillet à septembre 2022. En comparaison, l’étiage 2023 sur ces deux secteurs a été clément et l’étiage 2024 encore plus;

  • l’étiage 2023 généralement plus sec que celui de 2022 sur les cours d’eau du bassin parisien au sud de la Seine, du bassin de l’Eure jusqu’au bassin de la Dives, en passant par l’amont des bassins de l’Huisne et de la Sarthe. Sur ce secteur également, l’étiage 2024 a été autrement plus clément du point de vue de la ressource en eau;

  • les cours d’eau du Pays de Caux au nord de la Seine qui ont beaucoup mieux résisté à cette séquence 2022 - 2023 que les autres cours d’eau normands, à l’exception de la Bresle en 2022;

  • enfin, sur tous les cours d’eau normands, la rupture très marquée qui est survenue en novembre 2023, faisant basculer les débits des cours d’eau dans une situation plus humide que les normales. Depuis, les débits des cours d’eau se sont maintenus le plus souvent au-dessus des normales saisonnières, mais on observe depuis fin janvier 2025 un glissement progressif vers une situation à nouveau sèche sur les cours d’eau du massif armoricain, du Pays de Bray et du bassin parisien sud-Seine (plus lentement toutefois) . Pour ces 3 secteurs le diagramme montre qu’il faut remonter à 2023 pour retrouver des situations statistiques analogues.

Evolution mensuelle de la qualification statistique du débit de base (Q3Jn). Ce diagramme permet de visualiser pour l’ensemble des sites utilisés dans ce bulletin, mois par mois depuis 3 ans, la rareté du débit de base pour le mois considéré. Chaque site est représenté par une ligne à l’intérieur de laquelle chaque case correspond à un mois. La couleur de la case représente la période de retour du Q3Jn de ce site pour ce mois. Le nom du site et la date d’observation du Q3Jn de chaque mois est accessible en survolant le graphique, case par case. Analysé site par site, par grand ensemble hydrogéologique ou à l’échelle complète de la Normandie, ce diagramme donne à voir les grandes tendances hydrologiques sur une profondeur de 3 ans.

Dynamique hydrologique sur l’année et sur le mois : focus sur quelques sites

Les hydrogrammes présentés ci-après illustrent de façon plus détaillée la situation hydrologique de quelques cours d’eau dont les comportements sont jugés soit représentatifs ce mois-ci des 4 grandes ensembles hydrologiques de la région soit, au contraire, présentent un caractère singulier utile à commenter. Les stations identifiées en focus dans les cartes précédentes sont utilisées à cette fin. Les graphiques couvrent une période de 3 ans environ, permettant ainsi de suivre l’évolution des débits journaliers des derniers mois et de comparer d’une année à l’autre la situation pour une même saison.

Nous invitons le lecteur pour un suivi fin et sur de plus longues périodes, à se référer à la plateforme de suivi de la situation hydrologique normande, ou encore directement sur l’HydroPortail.

Pays de Bray

Sur le pays de Bray, de novembre 2023 à janvier 2025, les hydrogrammes sont particulièrement “hérissés” de nombreuses crues ou de simples “coups d’eau” estivaux, sans véritable période de baisse progressive des débits. Pendant cette longue période de presque un an et demi, les débits y ont été presque continuellement supérieurs aux normales (courbe médiane verte ci-dessous). Depuis février 2025, c’est une toute autre dynamique qui s’installe en raison des très faibles pluies depuis 3 mois sur ce secteur géologique réputé réactif aux pluies comme à l’absence de pluies. On le voit clairement sur l’hydrogramme de l’Andelle amont à Rouvray-Catillon : les débits baissent fortement et de façon presque continue, passant de valeurs bien supérieures aux normales en janvier à des débits de base d’une période de retour de 5 à 10 ans sec fin avril. Il faut remonter à mars 2023 pour retrouver une situation statistique équivalente.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Bassin parisien nord-Seine

C’est sur ce secteur qu’on retrouve en avril les situations les plus humides de Normandie.

En effet malgré trois mois consécutifs secs, la majorité des stations affiche des valeurs bien supérieures aux normales saisonnières. Cela s’explique par la grande inertie des cours d’eau cauchois qui restituent lentement les excédents pluviométriques accumulés de fin 2023 jusqu’à janvier 2025. Une partie de ces cours d’eau cauchois présente tout de même une tendance à la baisse : c’est le cas du Cailly (ici à Fontaine-le-Bourg), mais aussi de l’Austreberthe toute proche. Les cours d’eau côtiers du pays de Caux restent en revanche remarquablement stables, comme la Saâne, la Durdent, la Valmont, qui voient même leurs débits encore augmenter un peu entre mars et avril comme la Ganzeville ci-dessous ou la Lézarde.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Bassin parisien sud-Seine

Ce secteur est dans une situation hydrologique intermédiaire entre celle du Pays de Caux, toujours humide, et celles du massif Armoricain et du Pays de Bray qui ont basculé dans des situations sèches.

Sur cette partie du bassin parisien, après un hiver humide jusqu’à janvier, les débits rejoignent souvent en avril des valeurs proches des normales saisonnières à la faveur des trois derniers mois beaucoup plus secs. C’est la situation majoritaire illustrée par la station de l’Eure aval à Louviers, où l’hydrogramme en avril épouse presque la courbe médiane. On retrouve ce schéma sur la Drouette, l’Avre, l’Iton, la Charentonne, la Guiel et la Touques médiane.

Quelques exceptions à cette situation majoritaire apparaissent toutefois :

  • des situations localement plus humides, comme c’est le cas sur la Dives à Beaumais ci-dessous où les débits restent légèrement au-dessus de la médiane, ou encore sur l’Orbiquet à Beuvillers et la Risle aval à Pont-Authou;

  • des situations localement plus sèches, en tête de quelques bassins versants : sur l’Eure amont à St-Luperce, la Risle amont à Rai, la Touques amont à Mardilly ou encore ci-dessous sur l’Ure à Bourg-Saint-Léonard, les débits s’installent légèrement sous la médiane en avril.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Massif armoricain

Dans la continuité des deux derniers mois, ce secteur hydrogéologique continue de présenter les conditions d’écoulement les plus faibles du territoire normand. Les débits y sont en baisse quasi continue depuis 3 mois comme presque partout ailleurs en Normandie, mais cette baisse se fait plus rapidement en raison du plus faible soutien des débits par les apports souterrains.

Plusieurs stations affichent en avril des débits de base désormais inférieurs aux valeurs décennales sèches : c’est le cas des deux stations du Noireau à Cahan et de la Vire à Saint-Lô ci-dessous. Les baisses y sont fortes depuis février. Comme sur le pays de Bray, sur ces deux stations, il faut remonter à mars 2023 pour retrouver une situation statistique équivalente. Ce constat, encore minoritaire, pourrait se généraliser à la majorité des cours d’eaux armoricains si le déficit pluviométrique se poursuit.

En contrepoint, pour illustrer la diversité des formations géologiques du massif Armoricain : dans la presqu’île du Cotentin, la Saire à Anneville-en-Saire, réputée pour son fort soutien par la nappe locale, se comporte davantage comme un cours d’eau du bassin parisien sud-Seine, son hydrogramme semblant suivre depuis plus d’un mois la courbe médiane. On retrouve une dynamique similaire sur le Beuvron dans le sud-Manche, et légèrement plus sèche sur le Thar, la Braize et la Sélune aval près de Granville et Avranches.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Glossaire

Année hydrologique : période continue de douze mois choisie de façon à minimiser les reports hydrologiques d’une année sur l’autre. Elle débute à une date de l’année où les réserves sont au plus bas et est donc choisie en fonction des conditions climatiques de chaque région. En Normandie, celle-ci débute par convention au 1er septembre.

Évapotranspiration : quantité d’eau évaporée (à la surface du sol et des étendues d’eau) et transpirée par les plantes. Elle peut être potentielle (quantité d’eau potentiellement mis en jeu) ou réelle (quantité d’eau effectivement évapotranspirée).

Pluies efficaces : les pluies (ou précipitations) efficaces sont égales à la différence entre les précipitations totales et l’évapotranspiration réelle. Ces précipitations sont soit stockées, soit infiltrées (recharge des nappes) soit ruisselées.

Niveau piézométrique (ou par raccourci piézométrie): altitude ou profondeur (par rapport au sol) de la surface de la nappe souterraine.

Recharge des nappes: période/phénomène d’augmentation des niveaux des eaux souterraines. On parle régulièrement de recharge hivernale.

Vidange des nappes: période/phénomène de baisse des niveaux des eaux souterraines. On parle régulièrement de vidange estivale.

Débit de base / VCN3 / Q3Jn : il s’agit du débit du cours d’eau en l’absence de ruissellement consécutif à de récentes précipitations. La grandeur choisie pour le quantifier est le VCN3, débit moyen minimal calculé sur trois jours consécutifs pour une période donnée (mensuelle pour ce bulletin)

Hydraulicité : rapport du débit moyen sur une période donnée (mensuelle ou annuelle) à sa moyenne interannuelle sur cette même période. Elle permet de positionner simplement le débit d’une année ou d’un mois donné par rapport à l’année normale ou au mois normal.

Médiane : pour un échantillon de valeurs ordonnées, la médiane correspond à la valeur qui se trouve au point milieu de cette liste, permettant de couper l’ensemble des valeurs en deux parties égales (50%) en nombre de valeurs. Elle diffère de la moyenne de ces valeurs.

Fréquence ou Période de retour : la fréquence (au dépassement) d’un événement est la probabilité que cet événement soit atteint ou dépassé chaque année. La période de retour (ou récurrence) est l’inverse de la fréquence. Exemple : une crue décennale a, chaque année, une chance sur dix d’être atteinte ou dépassée

Débit mensuel quinquennal humide (resp. sec) : pour un mois considéré, c’est le débit mensuel qui a une probabilité de 1/5 (resp. 4/5) d’être dépassé chaque année. Il permet de caractériser un mois calendaire de forte hydraulicité.

Débit de base quinquennal humide (resp. sec) : c’est le débit de base (Q3Jn) qui a une probabilité de 1/5 (resp. 4/5) d’être dépassé chaque année.

Tarissement d’une rivière: phénomène de décroissance régulière du débit en l’absence de précipitations et d’intervention humaine

Étiage : période de l’année hydrologique où le débit d’un cours d’eau est bas. Il s’établit par le tarissement progressif du cours d’eau peu ou pas entrecoupé de précipitations.