Résumé du mois

Ce début de printemps est marqué par une pluviométrie en mars largement déficitaire sur l’ensemble de la Normandie. Ces faibles précipitations mensuelles, associées à l’augmentation saisonnière de l’évapotranspiration conduisent à une baisse du bilan hydrique, qui bascule ce mois-ci à des valeurs négatives sur l’ensemble du territoire. Le bilan des pluies efficaces sur les 12 derniers mois reste cependant excédentaire sur la majeure partie de la région, même si les secteurs en léger déficit progressent (Manche et Seine-Maritime). A la fin du mois de mars, malgré deux mois successifs de déficit pluviométriques, les sols normands conservent un niveau d’humidité proche des normales saisonnières.

Globalement, les cours d’eau normands sont toujours dans une situation hydrologique normale ou légèrement humide. Toutefois, les deux derniers mois, peu arrosés sur la grande majorité de la région, ont eu comme conséquence une baisse généralisée des débits. Sur les secteurs les plus sensibles au manque de précipitations (massif armoricain et pays de Bray), des stations enregistrent désormais des valeurs de débits nettement inférieures aux normales saisonnières. Sur ces deux zones hydrogéologiques, les fluctuations futures des débits dépendront encore beaucoup des pluies à venir. Enfin, on retiendra que seules quelques stations, situées sur le pays de Caux, continuent d’afficher des valeurs stables ou en augmentation.

Une aide à la lecture de l’hydrologie normande

La Normandie est une région à l’interface entre les formations anciennes du massif armoricain sur son tiers ouest, dites du socle, et les formations sédimentaires plus récentes du bassin parisien sur les deux tiers est. Ces deux entités géologiques s’opposent par leurs caractéristiques physiques en lien avec leur âge et leur origine. Cette diversité géologique, additionnée d’un gradient climatique ouest-est et sud-nord se traduit naturellement par une diversité de comportements hydrologiques sur le territoire. La carte ci-dessous présente le territoire couvert par les unités d’hydrométrie de la DREAL Normandie, ainsi que les 4 zones utilisées pour commenter chaque mois la situation hydrologique dans différents secteurs normands. Ce zonage (massif armoricain, bassin parisien sud-Seine, bassin parisien nord-Seine, pays de Bray) a été construit de sorte à proposer une synthèse de la situation hydrologique représentative d’un ensemble de bassins versants dont le fonctionnement hydrologique est généralement assez homogène.

Carte lithologique au 1/1000000 ème et répartition des quatre grands ensembles hydrologiques. Survoler un des ensembles pour obtenir des informations sur son fonctionnement.

Précipitations, pluies efficaces, humidité des sols et écart aux normales

Les cartes ci-dessous sont produites par la DREAL à partir des données de la chaîne de modélisation SIM de Météo-France. Elles peuvent donc présenter de légères différences avec une analyse issue d’une autre donnée d’entrée produite par Météo-France.

Sur 1 mois

Pour le mois de mars, les pluies cumulées s’étendent entre 9 et 35 mm. A l’échelle de la région, cela correspond en moyenne à des écarts aux normales de -37 mm.

Dans la continuité d’un mois de février sec, le mois de mars a été marqué à nouveau par de très faibles précipitations. La carte des écarts aux normales ci-dessous montre un déficit pluviométrique généralisé à toute la région.

Les pluies efficaces, quant à elles, s’échelonnent entre -29 et -1 mm. A l’échelle de la région, cela correspond en moyenne à des écarts aux normales de -37 mm.

Les faibles cumuls pluviométriques mensuels associés à la remontée des températures et à la reprise saisonnière de la végétation, entraînent une baisse significative des cumuls de pluie efficace. Les valeurs sont très majoritairement négatives sur la région et bien inférieures aux normales d’un mois de mars.

*Données de précipitations issues du modèle SIM de Meteo-France. Les cartes de gauche correspondent aux cumul estimés, alors que les cartes de droites correspondent à l'écart absolu (en mm)  aux normales 1991-2020 sur la même période.*

Données de précipitations issues du modèle SIM de Meteo-France. Les cartes de gauche correspondent aux cumul estimés, alors que les cartes de droites correspondent à l’écart absolu (en mm) aux normales 1991-2020 sur la même période.

Sur 12 mois

Sur les 12 derniers mois, les pluies cumulées s’étendent entre 753 et 1123 mm. Cela correspond en moyenne régionale à des écarts aux normales de 50 mm.

Malgré un second mois consécutif déficitaire en pluie, les valeurs cumulées sur une année glissante restent supérieures aux normales saisonnières sur plus de la moitié du territoire. Le quart sud-est de la région, qui a enregistré cet hiver de très importants excédents pluviométriques, continue d’afficher les plus forts écarts aux normales sur 12 mois glissants. Les secteurs de léger déficit sur 12 mois progressent toutefois : alors qu’il n’y en avait pas il y a encore deux mois, la quasi-totalité de la Seine-Maritime et de la Manche, ainsi que le Bessin sont désormais dans cette situation.

Les pluies efficaces, quant à elles, s’échelonnent entre 243 et 492 mm. Cela correspond en moyenne régionale à des écarts aux normales de 57 mm.

La majeure partie de la région affiche désormais des cumuls de pluies efficaces inférieurs à 400 mm sur 12 mois, mais le bilan sur cette période reste toutefois excédentaire sur les deux tiers de la région, Manche et Seine-Maritime faisant globalement exception.

*Données de précipitations issues du modèle SIM de Meteo-France. Les cartes de gauche correspondent aux cumul estimés, alors que les cartes de droites correspondent à l'écart absolu (en mm)  aux normales 1991-2020 sur la même période.*

Données de précipitations issues du modèle SIM de Meteo-France. Les cartes de gauche correspondent aux cumul estimés, alors que les cartes de droites correspondent à l’écart absolu (en mm) aux normales 1991-2020 sur la même période.

Chronologie par ensemble hydrologique

Le mois de mars a été marqué par un déficit pluviométrique sur les 4 secteurs hydrologiques. À l’exception du mois de décembre, qui a été particulièrement pluvieux, les graphiques ci-dessous soulignent la prédominance de mois déficitaires en pluies au cours des six derniers mois.

En conséquence la courbe des écarts aux normales sur 12 mois glissants, qui était partout positive depuis plus d’un an, repasse en mars à des valeurs proches de 0 (légèrement négatives ou légèrement positives) pour trois des quatre principaux ensembles hydrologiques de la région. Seul le bassin parisien sud-Seine, qui avait connu une année 2024 particulièrement arrosée et qui enregistre des déficits de pluies moins marqués depuis plusieurs mois, parvient à se maintenir à des valeurs positives.

A la fin du mois, l’écart aux normales des précipitations annuelles (courbe verte) par ensemble hydrologique se distingue comme suit:

  • -7 mm pour le Massif armoricain;
  • 115 mm pour le Bassin parisien sud-Seine;
  • 7 mm pour le Bassin parisien nord-Seine;
  • -27 mm pour le Pays de Bray.

Anomalie de précipitation mensuelle et annuelle pour chaque secteur hydrologique. L’anomalie mensuelle est représentée sous forme de barres représentant le déficit (rouge) ou l’excédent (bleu) de pluie en mm. L’anomalie annuelle est représentée par la courbe continue verte, elle calculée sur 12 mois glissants : la valeur (en mm) d’un mois donné correspond à la somme des barres des 12 mois précédents.

Humidité du sol

En moyenne mensuelle, pour ce mois de mars , l’indice d’humidité des sols est compris entre 0.74 et 0.9 avec une moyenne de 0.83. Les écarts aux normales s’étendent entre -12% et 7% pour une moyenne de -3%.

Avec une pluviométrie déficitaire pour ce second mois consécutif, les sols normands sont logiquement plus secs qu’ils ne l’étaient le mois dernier mais restent globalement à des niveaux d’humidité proches des normales de saison.

*Répartition de l’indice d’humidité des sols «SWI» (de l’anglais Soil Wetness Index). Il représente, sur une profondeur d’environ deux mètres, l’état de la réserve en eau du sol par rapport à la réserve utile (eau disponible pour l’alimentation des plantes). Si le SWI est égal à 0, le sol est très sec et les végétaux ne peuvent plus en tirer d’eau, tandis que si le SWI est égale à un le sol à atteint sa réserve utile. Le SWI peut être inférieur à 0 (stress hydrique) ou supérieur à 1 (dépasse la réserve utile).*

Répartition de l’indice d’humidité des sols «SWI» (de l’anglais Soil Wetness Index). Il représente, sur une profondeur d’environ deux mètres, l’état de la réserve en eau du sol par rapport à la réserve utile (eau disponible pour l’alimentation des plantes). Si le SWI est égal à 0, le sol est très sec et les végétaux ne peuvent plus en tirer d’eau, tandis que si le SWI est égale à un le sol à atteint sa réserve utile. Le SWI peut être inférieur à 0 (stress hydrique) ou supérieur à 1 (dépasse la réserve utile).

Situation hydrologique

Cartographie et distribution statistique sur la région

Carte des débits de base (Q3Jn)

Le débit de base des cours d’eau, est représenté par la variable Q3Jn mensuel. Par rapport au mois précédent, les débits de base évoluent en moyenne de:

  • -9% [-38%; 7%] pour le Bassin parisien nord-Seine avec une période de retour moyenne de 5 ans humide contre 9 ans humide le mois précédent;

  • -28% [-53%; -4%] pour le Bassin parisien sud-Seine avec une période de retour moyenne de 4 ans humide contre 7 ans humide le mois précédent;

  • -48% [-55%; -44%] pour le Pays de Bray avec une période de retour moyenne de 3 ans sec contre 3 ans humide le mois précédent;

  • -48% [-72%; -28%] pour le Massif armoricain avec une période de retour moyenne de 3 ans sec contre 3 ans humide le mois précédent.

Les débits de base sont en baisse sur tous les secteurs. Globalement, ils sont atteints au cours de la dernière décade du mois de mars sur la très grande majorité des stations traduisant ainsi une baisse quasi-continue des débits moyens journaliers sur cette période. Seules exceptions à cette règle : quelques stations situées sur le pays de Caux réputées pour leurs écoulements très soutenus par les nappes qui n’ont pas encore entamé leur phase de vidange.

A la faveur de ces deux derniers mois, largement déficitaires en termes de pluviométrie, les débits aux stations des secteurs du bassin parisien du Nord et du Sud de la Seine enregistrent des débits de base qui se rapprochent doucement des valeurs moyennes interannuelles. Sur ces deux secteurs du bassin parisien, toutes les stations observées pour ce bulletin affichent encore des valeurs de débit de base au moins conformes aux normales et pour certaines d’entre elles, les débits de base figurent parmi les plus forts débits jamais observés pour un mois de mars : la Durdent à Vittefleur (5ème valeur la plus forte observée sur 41 années observées), le Cailly à Cailly (2ème valeur la plus forte observée sur 27 années observées), la Lézarde à Montivilliers (2ème valeur la plus forte observée sur 22 années observées) et l’Huisne à Nogent-le-Rotrou (6ème valeur la plus forte observée sur 54 années observées). Un cours d’eau continue même d’afficher un débit de base très humide : la Lézarde à Montivilliers avec un débit de base supérieur à la valeur vingtennale humide d’un mois de mars.

Sur les secteurs du Bray et du massif Armoricain, la situation est bien différente. En effet, la baisse des débits de base depuis deux mois est bien plus prononcée que sur le reste de la région. On y observe notamment sur plusieurs stations des valeurs de débit relativement faibles pour un mois de mars et nettement inférieures aux normales de saison. C’est le cas du Trottebec à la Glacerie, de la Sienne à Cérences ou encore de la Mayenne à Madré qui affichent toutes les trois des valeurs que l’on n’observe habituellement en mars qu’avec une probabilité de 1/5 chaque année. On retrouve un constat proche pour l’Andelle à Rouvray-Catillon ou encore sur l’Epte à Gournay-en-Bray qui affichent désormais des valeurs comprises entre les valeurs triennales et quinquennales sèches.

Qualification statistique saisonnière du débit de base. Chaque point correspond à un site hydrométrique. Il est coloré en fonction de la rareté de la variable Q3Jn du mois en cours relativement aux statistiques de ce mois de l’année. Le survol avec la souris d’un site sur la carte à gauche permet de visualiser son nom et de repérer ce même site sur le graphique à droite, et inversement. Dans le graphique de droite, les sites sont regroupés au sein des 4 grands ensembles hydrogéologiques . Les sites de la Seulles à Tierceville, l’Orne à La Courbe, à Grimbosq, à Thury-Harcourt, la Laize à Fresney-le-Puceux, la Béthune à Saint-Aubin-le-Cauf, l’Epte à Fourges et l’Andelle à Vascoeuil présentent la particularité d’avoir leur bassin versant à cheval sur deux ensembles hydrologiques : ils ont été positionnés au sein d’un de ces deux ensembles, mais peuvent, de fait, présenter une situation hydrologique hydride. Enfin, certains sites identifiés comme focus (anneau noir) font l’objet de commentaires détaillés dans la section suivante.

Carte des débits moyens mensuels (QMM)

Le débit moyen mensuel QMM est une variable qui intègre l’ensemble des écoulements mesuré sur le mois. Il est donc au moins supérieur ou égal au Q3Jn et sera d’autant plus élevé qu’il a beaucoup plu sur le mois considéré. Par rapport au mois précédent, les débits moyens mensuels évoluent en moyenne de:

  • -11% [-39%; 7%] pour le Bassin parisien nord-Seine avec une période de retour moyenne de 4 ans humide contre 7 ans humide le mois précédent;

  • -42% [-68%; -19%] pour le Bassin parisien sud-Seine avec une période de retour moyenne de 2 ans sec contre 4 ans humide le mois précédent;

  • -57% [-59%; -56%] pour le Pays de Bray avec une période de retour moyenne de 6 ans sec contre 2 ans humide le mois précédent;

  • -51% [-70%; -31%] pour le Massif armoricain avec une période de retour moyenne de 3 ans sec contre 3 ans humide le mois précédent.

Les débits moyens mensuels sont globalement en baisse sur toutes les stations suivies de la région à quelques rares exceptions près (toutes situées dans le pays de Caux). Malgré cette tendance à la baisse, sur le secteur du bassin parisien nord-Seine, ce mois de mars reste parmi les plus humides sur plusieurs stations et notamment la Lézarde à Montivilliers (deuxième rang des plus forts débits sur 22 années observées, fréquence plus que vingtennale humide en mars), la Durdent à Vittefleur (cinquième rang des plus forts débits sur 40 années observées) et le Cailly à Cailly (deuxième rang des plus forts débits sur 27 années observées).

Sur le secteur du bassin parisien du sud-Seine, les débits moyens mensuels reviennent progressivement vers les normales saisonnières. Quelques stations (4) enregistrent des débits mensuels compris entre les valeurs triennales sèches et la quinquennales sèches (Iton à Bourth, la Risle à Rai, l’Ure à Bourg-st-Léonard, l’Ancre à Criqueville-en-Auge).

Enfin, pour les stations du massif armoricain et du pays de Bray, la situation est nettement différente : la majorité des stations y affichent pour la première fois depuis plusieurs mois des débits moyens mensuels inférieurs aux valeurs de saison. Parmi les stations les plus sèches, on retrouve le Trottebec à la Glacerie, la Mayenne à Madré, la Sienne à Cérences et l’Epte à Saumont-la-Poterie pour lesquelles l’occurrence quinquennale sèche est clairement dépassée.

Qualification statistique saisonnière du débit moyen mensuel. Chaque point correspond à un site hydrométrique. Il est coloré en fonction de la rareté de la variable QMM du mois en cours relativement aux statistiques de ce mois de l’année. Le survol avec la souris d’un site sur la carte à gauche permet de visualiser son nom et de repérer ce même site sur le graphique à droite, et inversement. Dans le graphique de droite, les sites sont regroupés au sein des 4 grands ensembles hydrogéologiques . Les sites de la Seulles à Tierceville, l’Orne à La Courbe, à Grimbosq, à Thury-Harcourt, la Laize à Fresney-le-Puceux, la Béthune à Saint-Aubin-le-Cauf, l’Epte à Fourges et l’Andelle à Vascoeuil présentent la particularité d’avoir leur bassin versant à cheval sur deux ensembles hydrologiques : ils ont été positionnés au sein d’un de ces deux ensembles, mais peuvent, de fait, présenter une situation hydrologique hydride. Enfin, certains sites identifiés comme focus (anneau noir) font l’objet de commentaires détaillés dans la section suivante.

Evolution pluri-annuelle

On visualise bien sur le diagramme pluri-annuel ci-dessous:

  • la séverité de l’étiage 2022 sur le massif armoricain et le Pays de Bray où des débits inférieurs aux débits décennaux secs ont été observés de mai jusqu’à novembre 2022, voire inférieurs aux débits vingtennaux secs sur la période la plus critique de juillet à septembre 2022. En comparaison, l’étiage 2023 sur ces deux secteurs a été clément et l’étiage 2024 encore plus;

  • l’étiage 2023 généralement plus sec que celui de 2022 sur les cours d’eau du bassin parisien au sud de la Seine, du bassin de l’Eure jusqu’au bassin de la Dives, en passant par l’amont des bassins de l’Huisne et de la Sarthe. Sur ce secteur également, l’étiage 2024 a été autrement plus clément du point de vue de la ressource en eau;

  • les cours d’eau du Pays de Caux au nord de la Seine qui ont beaucoup mieux résisté à cette séquence 2022 - 2023 que les autres cours d’eau normands, à l’exception de la Bresle en 2022;

  • enfin, sur tous les cours d’eau normands, la rupture très marquée qui est survenue en novembre 2023, faisant basculer les débits des cours d’eau dans une situation plus humide que les normales. Depuis, les débits des cours d’eau s’étaient maintenus le plus souvent au-dessus des normales saisonnières. Dans ce contexte globalement humide depuis 1 an et demi, le mois de mars 2025 se distingue nettement comme étant le premier à afficher une situation plus sèche que la normale sur une part importante de la région, en l’occurrence le massif Armoricain et le pays de Bray. Les mois prochains nous diront si cette tendance vers une situation plus sèche se poursuit en 2025.

Evolution mensuelle de la qualification statistique du débit de base (Q3Jn). Ce diagramme permet de visualiser pour l’ensemble des sites utilisés dans ce bulletin, mois par mois depuis 3 ans, la rareté du débit de base pour le mois considéré. Chaque site est représenté par une ligne à l’intérieur de laquelle chaque case correspond à un mois. La couleur de la case représente la période de retour du Q3Jn de ce site pour ce mois. Le nom du site et la date d’observation du Q3Jn de chaque mois est accessible en survolant le graphique, case par case. Analysé site par site, par grand ensemble hydrogéologique ou à l’échelle complète de la Normandie, ce diagramme donne à voir les grandes tendances hydrologiques sur une profondeur de 3 ans.

Dynamique hydrologique sur l’année et sur le mois : focus sur quelques sites

Les hydrogrammes présentés ci-après illustrent de façon plus détaillée la situation hydrologique de quelques cours d’eau dont les comportements sont jugés soit représentatifs ce mois-ci des 4 grandes ensembles hydrologiques de la région soit, au contraire, présentent un caractère singulier utile à commenter. Les stations identifiées en focus dans les cartes précédentes sont utilisées à cette fin. Les graphiques couvrent une période de 3 ans environ, permettant ainsi de suivre l’évolution des débits journaliers des derniers mois et de comparer d’une année à l’autre la situation pour une même saison.

Nous invitons le lecteur pour un suivi fin et sur de plus longues périodes, à se référer à la plateforme de suivi de la situation hydrologique normande, ou encore directement sur l’HydroPortail.

Pays de Bray

Sur le pays de Bray, ce début d’année 2025 présente des hydrogrammes bien particuliers. En effet, on observe très clairement une succession de crues depuis la fin 2023. Cet enchaînement se termine en janvier 2025 avec deux crues successives importantes et particulièrement rares.

Les mois de février et mars 2025 marquent un net changement de tendance avec des précipitations largement déficitaires et des débits enregistrant une baisse franche. Ce phénomène est nettement visible sur l’hydrogramme de la station de Gournay-en-Bray ci-dessous. En mars, sur cette station, les débits de base et les débits moyens mensuels sont désormais déficitaires par rapport aux normales de saison (entre triennale et quinquennale sèche). Il faut remonter à l’automne 2023 pour retrouver un déficit comparable.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Bassin parisien nord-Seine

C’est toujours sur ce secteur qu’on retrouve ce mois-ci la situation la plus humide de Normandie.

En effet malgré deux mois consécutifs très secs, on y observe encore de nombreuses stations qui affichent des valeurs bien au-delà de la normale saisonnière. C’est notamment le cas sur la Lézarde à Montivilliers (cf. ci-dessous). Sur cette station, les débits continuent de progresser régulièrement malgré l’absence d’évènement pluviométrique. Sur cette station, ce mois de mars 2025 est le deuxième mois de mars le plus humide observé depuis la création de la station en 2003 juste derrière le mois de mars 2024. Cela illustre particulièrement bien la grande inertie, et la résilience des cours d’eau cauchois.

Sur ce même secteur, sur des cours d’eau moins soutenus par les nappes que ceux du pays de Caux, on retrouve par exemple la Bresle à Ponts-et-Marais. Les débits de ce cours d’eau affichent bien une baisse depuis la fin du mois de janvier. Malgré cette baisse, tout comme d’autres stations de ce secteur, les débits restent pour le moment à des valeurs supérieures aux normales de saison.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Bassin parisien sud-Seine

Sur cette partie du bassin parisien, à la faveur des deux derniers mois beaucoup plus secs que les mois précédents, les débits affichent une tendance à un retour vers les normales. En effet, sur ce secteur, les débits de base des rivières enregistrent toutes des valeurs conformes ou supérieurs aux normales de mars. C’est notamment le cas ci-dessous avec les stations de l’Hoësne à la Mesnière ou bien de l’Iton à Normanville.

Toutefois, pour la première fois depuis plusieurs mois sur ce secteur, certaines stations (quatre au total) affichent un débit moyen mensuel légèrement inférieur aux valeurs de saison. C’est notamment le cas ci-dessous sur la l’Ancre à Criqueville-en-Auge.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Massif armoricain

Ce secteur hydrogéologique continue de présenter les conditions d’écoulement les plus faibles du territoire normand. En effet, les deux mois écoulés présentent des cumuls pluviométriques faibles à l’exception d’un évènement à la toute fin du mois de février. Les débits sont donc logiquement en baisse quasi continue.

Sur ce secteur, les débits de bases représentés par les Q3Jn atteignent désormais des périodes de retour inférieures aux normales sur près de la moitié des stations suivies (15/33). Les stations de La Glacerie sur le Trottebec et de la Vire à Coulonces en sont représentatives. Sur ces deux hydrogrammes, on observe clairement que le débit moyen sur 3 jours est désormais bien ancré en dessous de la médiane (entre quinquennale et décennale sèche à la Glacerie et proche de la triennale sèche sur la Vire à Coulonces). On peut lire également sur les deux hydrogrammes que ces périodes de retour sèches n’avaient plus été observées depuis deux ans sur ces deux stations.

On notera que pour seulement deux stations sur ce secteur, la situation hydrologique demeure malgré tout un peu plus humide. Représenté ici par la Sélune à Saint-Aubin-de-Terregate (c’est le cas également sur la Laize à Fresney-le-Puceux, station “à cheval” entre le bassin parisien et le massif armoricain), les débits moyens sur 3 jours demeurent proches de la médiane, et le Q3jn du mois est compris entre la triennale humide et la quinquennale humide.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Glossaire

Année hydrologique : période continue de douze mois choisie de façon à minimiser les reports hydrologiques d’une année sur l’autre. Elle débute à une date de l’année où les réserves sont au plus bas et est donc choisie en fonction des conditions climatiques de chaque région. En Normandie, celle-ci débute par convention au 1er septembre.

Évapotranspiration : quantité d’eau évaporée (à la surface du sol et des étendues d’eau) et transpirée par les plantes. Elle peut être potentielle (quantité d’eau potentiellement mis en jeu) ou réelle (quantité d’eau effectivement évapotranspirée).

Pluies efficaces : les pluies (ou précipitations) efficaces sont égales à la différence entre les précipitations totales et l’évapotranspiration réelle. Ces précipitations sont soit stockées, soit infiltrées (recharge des nappes) soit ruisselées.

Niveau piézométrique (ou par raccourci piézométrie): altitude ou profondeur (par rapport au sol) de la surface de la nappe souterraine.

Recharge des nappes: période/phénomène d’augmentation des niveaux des eaux souterraines. On parle régulièrement de recharge hivernale.

Vidange des nappes: période/phénomène de baisse des niveaux des eaux souterraines. On parle régulièrement de vidange estivale.

Débit de base / VCN3 / Q3Jn : il s’agit du débit du cours d’eau en l’absence de ruissellement consécutif à de récentes précipitations. La grandeur choisie pour le quantifier est le VCN3, débit moyen minimal calculé sur trois jours consécutifs pour une période donnée (mensuelle pour ce bulletin)

Hydraulicité : rapport du débit moyen sur une période donnée (mensuelle ou annuelle) à sa moyenne interannuelle sur cette même période. Elle permet de positionner simplement le débit d’une année ou d’un mois donné par rapport à l’année normale ou au mois normal.

Médiane : pour un échantillon de valeurs ordonnées, la médiane correspond à la valeur qui se trouve au point milieu de cette liste, permettant de couper l’ensemble des valeurs en deux parties égales (50%) en nombre de valeurs. Elle diffère de la moyenne de ces valeurs.

Fréquence ou Période de retour : la fréquence (au dépassement) d’un événement est la probabilité que cet événement soit atteint ou dépassé chaque année. La période de retour (ou récurrence) est l’inverse de la fréquence. Exemple : une crue décennale a, chaque année, une chance sur dix d’être atteinte ou dépassée

Débit mensuel quinquennal humide (resp. sec) : pour un mois considéré, c’est le débit mensuel qui a une probabilité de 1/5 (resp. 4/5) d’être dépassé chaque année. Il permet de caractériser un mois calendaire de forte hydraulicité.

Débit de base quinquennal humide (resp. sec) : c’est le débit de base (Q3Jn) qui a une probabilité de 1/5 (resp. 4/5) d’être dépassé chaque année.

Tarissement d’une rivière: phénomène de décroissance régulière du débit en l’absence de précipitations et d’intervention humaine

Étiage : période de l’année hydrologique où le débit d’un cours d’eau est bas. Il s’établit par le tarissement progressif du cours d’eau peu ou pas entrecoupé de précipitations.