Résumé du mois

Le mois de février 2025 a été beaucoup moins arrosé que le mois de janvier. En effet, le bilan pluviomérique de février est largement déficitaire sur la quasi-totalité de la région. A la faveur d’une évapotranspiration toujours quasiment nulle en février, le bilan hydrique mensuel demeure toutefois positif. Les cumuls enregistrés sur les 12 derniers mois sont presque partout supérieurs aux normales de saison, ces excédents étant plus marqués sur le quart sud-est de la région (secteur du bassin parisien sud-Seine). Enfin, au premier mars, les sols normands restent globalement saturés ou presque.

Concernant les débits, les cours d’eau normands sont toujours dans la situation humide généralisée qui prévaut depuis l’automne 2023. Les débits moyens de février sont certes moins élevés qu’au mois de janvier qui avait été marqué par des crues fortes sur une partie de la région, mais ils sont partout supérieurs ou tout proches des normales de février. Compte-tenu du plus fort caractère inertiel des cours d’eau de l’est de la Normandie, cette situation excédentaire devrait y perdurer pendant plusieurs mois. Sur l’ouest armoricain de la région, la situation est d’ores et déjà plus modérément humide et la suite de la saison hydrologique dépendra davantage des pluies futures.

Une aide à la lecture de l’hydrologie normande

La Normandie est une région à l’interface entre les formations anciennes du massif armoricain sur son tiers ouest, dites du socle, et les formations sédimentaires plus récentes du bassin parisien sur les deux tiers est. Ces deux entités géologiques s’opposent par leurs caractéristiques physiques en lien avec leur âge et leur origine. Cette diversité géologique, additionnée d’un gradient climatique ouest-est et sud-nord se traduit naturellement par une diversité de comportements hydrologiques sur le territoire. La carte ci-dessous présente le territoire couvert par les unités d’hydrométrie de la DREAL Normandie, ainsi que les 4 zones utilisées pour commenter chaque mois la situation hydrologique dans différents secteurs normands. Ce zonage (massif armoricain, bassin parisien sud-Seine, bassin parisien nord-Seine, pays de Bray) a été construit de sorte à proposer une synthèse de la situation hydrologique représentative d’un ensemble de bassins versants dont le fonctionnement hydrologique est généralement assez homogène.

Carte lithologique au 1/1000000 ème et répartition des quatre grands ensembles hydrologiques. Survoler un des ensembles pour obtenir des informations sur son fonctionnement.

Précipitations, pluies efficaces, humidité des sols et écart aux normales

Les cartes ci-dessous sont produites par la DREAL à partir des données de la chaîne de modélisation SIM de Météo-France. Elles peuvent donc présenter de légères différences avec une analyse issue d’une autre donnée d’entrée produite par Météo-France.

Sur 1 mois

Pour le mois de février, les pluies cumulées s’étendent entre 28 et 65 mm. A l’échelle de la région, cela correspond en moyenne à des écarts aux normales de -19 mm.

Après un mois de janvier particulièrement humide, le mois de février est donc nettement moins arrosé. On constate sur la carte des écarts aux normales (ci-dessous) que la quasi-totalité de la région est déficitaire en pluviométrie (entre -10 mm et - 50 mm). Les secteurs les moins arrosés sont situés sur les deux tiers nord du département de la Manche ainsi que sur le centre et l’est de la Seine-Maritime. Le seul secteur légèrement plus arrosé que la normale se situe sur le bassin versant de l’Eure en Eure-et-Loir.

Les pluies efficaces, quant à elles, s’échelonnent entre 14 et 49 mm. A l’échelle de la région, cela correspond en moyenne à des écarts aux normales de -14 mm.

Avec des précipitations relativement faibles au cours du mois de février, les pluies efficaces restent positives grâce notamment à un niveau d’évapotranspiration quasi-nul en cette saison. Ces valeurs sont donc logiquement inférieures aux normales saisonnières sur la très grande partie de la région, toujours à l’exception de de l’Eure amont.

*Données de précipitations issues du modèle SIM de Meteo-France. Les cartes de gauche correspondent aux cumul estimés, alors que les cartes de droites correspondent à l'écart absolu (en mm)  aux normales 1991-2020 sur la même période.*

Données de précipitations issues du modèle SIM de Meteo-France. Les cartes de gauche correspondent aux cumul estimés, alors que les cartes de droites correspondent à l’écart absolu (en mm) aux normales 1991-2020 sur la même période.

Sur 12 mois

Sur les 12 derniers mois, les pluies cumulées s’étendent entre 781 et 1168 mm. Cela correspond en moyenne régionale à des écarts aux normales de 96 mm.

Malgré les faibles cumuls du mois de février, les valeurs cumulées sur une année glissante restent donc globalement supérieures aux normales saisonnières sur la très grande majorité de la région. Seuls les deux tiers nord de la Manche, une partie du Bessin et les côtes seino-marines enregistrent un léger déficit.

Les pluies efficaces, quant à elles, s’échelonnent entre 260 et 566 mm. Cela correspond en moyenne régionale à des écarts aux normales de 102 mm.

Sur ces douze derniers mois, elles restent donc majoritairement positives sut toute la région. Comme pour les cumuls de précipitations, nous retrouvons les mêmes zones affichant des valeurs légèrement inférieures aux normales de saison.

*Données de précipitations issues du modèle SIM de Meteo-France. Les cartes de gauche correspondent aux cumul estimés, alors que les cartes de droites correspondent à l'écart absolu (en mm)  aux normales 1991-2020 sur la même période.*

Données de précipitations issues du modèle SIM de Meteo-France. Les cartes de gauche correspondent aux cumul estimés, alors que les cartes de droites correspondent à l’écart absolu (en mm) aux normales 1991-2020 sur la même période.

Chronologie par ensemble hydrologique

Le mois de février est déficitaire sur tous les secteurs hydrogéologiques de la région même si ce déficit est légèrement moins marqué sur la partie du bassin parisien au sud de la Seine. La courbe d’écart aux normales sur les 12 mois écoulés reste malgré tout positive sur ces 4 grands secteurs, avec des excédents sensiblement plus marqués sur le bassin parisien sud-Seine, dans la continuité des mois passés. Il y a deux ans, à la fin de l’hiver 2022-2023, les valeurs cumulées étaient nettement inférieures à la normale. Cette tendance s’est inversée à partir de l’été 2023.

A la fin du mois, l’anomalie de précipitation annuelle (courbe verte) par ensemble hydrologique se distingue comme suit:

  • 31 mm pour le Massif armoricain;
  • 164 mm pour le Bassin parisien sud-Seine;
  • 56 mm pour le Bassin parisien nord-Seine;
  • 26 mm pour le Pays de Bray.

Anomalie de précipitation mensuelle et annuelle pour chaque secteur hydrologique. L’anomalie mensuelle est représentée sous forme de barres représentant le déficit (rouge) ou l’excédent (bleu) de pluie en mm. L’anomalie annuelle est représentée par la courbe continue verte, elle calculée sur 12 mois glissants : la valeur (en mm) d’un mois donné correspond à la somme des barres des 12 mois précédents.

Humidité du sol

En moyenne mensuelle, pour ce mois de février , l’indice d’humidité des sols est compris entre 0.89 et 1.05 avec une moyenne de 0.96. Les écarts aux normales s’étendent entre 1% et 18% pour une moyenne de 6%.

Au premier mars, les sols demeurent saturés ou presque sur la totalité de la région et à des niveaux légèrement supérieurs aux normales d’un mois de février.

*Répartition de l’indice d’humidité des sols «SWI» (de l’anglais Soil Wetness Index). Il représente, sur une profondeur d’environ deux mètres, l’état de la réserve en eau du sol par rapport à la réserve utile (eau disponible pour l’alimentation des plantes). Si le SWI est égal à 0, le sol est très sec et les végétaux ne peuvent plus en tirer d’eau, tandis que si le SWI est égale à un le sol à atteint sa réserve utile. Le SWI peut être inférieur à 0 (stress hydrique) ou supérieur à 1 (dépasse la réserve utile).*

Répartition de l’indice d’humidité des sols «SWI» (de l’anglais Soil Wetness Index). Il représente, sur une profondeur d’environ deux mètres, l’état de la réserve en eau du sol par rapport à la réserve utile (eau disponible pour l’alimentation des plantes). Si le SWI est égal à 0, le sol est très sec et les végétaux ne peuvent plus en tirer d’eau, tandis que si le SWI est égale à un le sol à atteint sa réserve utile. Le SWI peut être inférieur à 0 (stress hydrique) ou supérieur à 1 (dépasse la réserve utile).

Situation hydrologique

Cartographie et distribution statistique sur la région

Carte des débits de base (Q3Jn)

Le débit de base des cours d’eau, est représenté par la variable Q3Jn mensuel. Par rapport au mois précédent, les débits de base évoluent en moyenne de:

  • 31% [2%; 78%] pour le Bassin parisien nord-Seine avec une période de retour moyenne de 9 ans humide contre 4 ans humide le mois précédent;

  • 26% [-12%; 122%] pour le Bassin parisien sud-Seine avec une période de retour moyenne de 7 ans humide contre 4 ans humide le mois précédent;

  • -4% [-16%; 6%] pour le Pays de Bray avec une période de retour moyenne de 3 ans humide contre 4 ans humide le mois précédent;

  • 7% [-41%; 48%] pour le Massif armoricain avec une période de retour moyenne de 3 ans humide contre 3 ans humide le mois précédent.

Les débits de base sont globalement atteints autour du 20 et 21 février, exceptés sur quelques stations, très à la marge, qui les atteignent en début ou en fin de mois.

Les cours d’eau du bassin parisien connaissent en février une augmentation de leurs débits de base et de la période de retour associée liées aux excédents de pluies de janvier, tandis que ceux du massif armoricain et du pays de Bray affichent une certaine stabilité qui traduit, après les crues de janvier, leur forte réactivité à la baisse en l’absence de pluies marquées en février.

La hausse des débits de base sur les cours d’eau du bassin parisien peut paraître étonnante après un mois de février déficitaire en pluie, mais elle s’explique par une comparaison entre des débits de base observés début janvier, avant les épisodes pluvieux qui ont marqué ce mois, et ceux observés mi-février. En effet, ces derniers ont été fortement influencés par les excédents pluviométriques de janvier particulièrement élevés ainsi que par les précipitations survenues autour du 11 et 12 février. Ainsi à la mi-février les débits de base sont nettement plus élevés qu’ils ne l’étaient début janvier sur les cours d’eau inertiels du bassin parisien. En revanche ce n’est pas le cas sur le Pays de Bray et le massif armoricain où ils ont diminué significativement lors de la première quinzaine de février, peu arrosée, retrouvant des niveaux proches de début janvier.

De ce fait, la carte des débits de base est contrastée en février: les débits de base observés sont humides à très humides sur les cours d’eau inertiels du bassin parisien à l’est de la région, hors Pays de Bray, alors qu’ils sont plus modérément humides ou proches des normales sur le Pays de Bray et l’ouest armoricain de la Normandie.

Parmi les situations remarquables sur le bassin parisien, on pourra noter que pour plusieurs stations il s’agit du second mois de février présentant les débits de base les plus humides depuis leur création : c’est le cas de la Dives à Beaumais (1969), l’Austreberthe à Saint-Paër (1997) et le Cailly à Cailly (1998) . On pourra également citer la Saire à Anneville-en-Saire qui se démarque en étant la seule station du massif armoricain à enregistrer une fréquence de retour supérieur à la décennale humide.

Qualification statistique saisonnière du débit de base. Chaque point correspond à un site hydrométrique. Il est coloré en fonction de la rareté de la variable Q3Jn du mois en cours relativement aux statistiques de ce mois de l’année. Le survol avec la souris d’un site sur la carte à gauche permet de visualiser son nom et de repérer ce même site sur le graphique à droite, et inversement. Dans le graphique de droite, les sites sont regroupés au sein des 4 grands ensembles hydrogéologiques . Les sites de la Seulles à Tierceville, l’Orne à La Courbe, à Grimbosq, à Thury-Harcourt, la Laize à Fresney-le-Puceux, la Béthune à Saint-Aubin-le-Cauf, l’Epte à Fourges et l’Andelle à Vascoeuil présentent la particularité d’avoir leur bassin versant à cheval sur deux ensembles hydrologiques : ils ont été positionnés au sein d’un de ces deux ensembles, mais peuvent, de fait, présenter une situation hydrologique hydride. Enfin, certains sites identifiés comme focus (anneau noir) font l’objet de commentaires détaillés dans la section suivante.

Carte des débits moyens mensuels (QMM)

Le débit moyen mensuel QMM est une variable qui intègre l’ensemble des écoulements mesuré sur le mois. Il est donc au moins supérieur ou égal au Q3Jn et sera d’autant plus élevé qu’il a beaucoup plu sur le mois considéré. Par rapport au mois précédent, les débits moyens mensuels évoluent en moyenne de:

  • -8% [-35%; 9%] pour le Bassin parisien nord-Seine avec une période de retour moyenne de 7 ans humide contre 16 ans humide le mois précédent;

  • -36% [-62%; -1%] pour le Bassin parisien sud-Seine avec une période de retour moyenne de 4 ans humide contre > 20 ans humide le mois précédent;

  • -65% [-70%; -62%] pour le Pays de Bray avec une période de retour moyenne de 2 ans humide contre 19 ans humide le mois précédent;

  • -42% [-63%; -15%] pour le Massif armoricain avec une période de retour moyenne de 3 ans humide contre 7 ans humide le mois précédent.

Après les fortes précipitations du mois dernier, on observe logiquement à l’issue de ce mois de février déficitaire en pluie une diminution générale des débits moyens mensuels sur la quasi-totalité de la région. Cette baisse, plus marquée sur les cours d’eau réactifs du massif armoricain et du pays de Bray, est également notable sur le bassin parisien sud-Seine. En revanche, elle reste moins prononcée sur les cours d’eau très inertiels du bassin parisien nord-Seine. Les périodes de retours, très élevées en janvier, baissent également partout en février.

De façon plus détaillée, le graphique de droite ci-dessous illustre une situation statistique caractérisée par un gradient ouest-est prononcé. En effet, exception faite du Pays de Bray, à mesure que l’on se dirige vers l’est de la région, les fréquences de retour moyennes augmentent progressivement. Sur le massif armoricain, elles varient entre la normale et la quinquennale humide. Sur le bassin parisien sud-Seine, la majorité des stations affichent des fréquences supérieures à la triennale humide, tandis que sur le bassin parisien nord-Seine, quasiment toutes dépassent la quinquennale humide. On pourra également souligner que, malgré des précipitations mensuelles modérées de février, aucune station normande n’enregistre en février de débits moyens mensuels significativement inférieurs aux normales de saison. Certaines stations du bassin parisien sud-Seine présentent même des valeurs élevées au vu des précipitations, ce qui témoigne de sols sont encore très humides et de nappes hautes qui contribuent fortement à l’alimentation des cours d’eau. C’est le cas par exemple de la Dives à Mesnil-Mauger et à Beaumais ou de l’Eure à Charpont, qui affichent toutes trois des fréquences de retour supérieures à la décennale humide. La Dives se démarque notamment dans la partie ouest du bassin parisien avec un maintien de débits élevés en février suite aux fortes crues de janvier : plus inertielle que ses voisins immédiats du bassin parisien - la Vie, la Touques et l’Orne amont - ce constat sur la Dives devrait perdurer pendant plusieurs mois.

Enfin, on pourra noter que pour l’Austreberthe à Saint-Paër et le Cailly à Cailly dans le Pays de Caux, il s’agit du second mois de février présentant les débits mensuels les plus élevés depuis leur création, certes récente, respectivement en 1997 et 1998.

Qualification statistique saisonnière du débit moyen mensuel. Chaque point correspond à un site hydrométrique. Il est coloré en fonction de la rareté de la variable QMM du mois en cours relativement aux statistiques de ce mois de l’année. Le survol avec la souris d’un site sur la carte à gauche permet de visualiser son nom et de repérer ce même site sur le graphique à droite, et inversement. Dans le graphique de droite, les sites sont regroupés au sein des 4 grands ensembles hydrogéologiques . Les sites de la Seulles à Tierceville, l’Orne à La Courbe, à Grimbosq, à Thury-Harcourt, la Laize à Fresney-le-Puceux, la Béthune à Saint-Aubin-le-Cauf, l’Epte à Fourges et l’Andelle à Vascoeuil présentent la particularité d’avoir leur bassin versant à cheval sur deux ensembles hydrologiques : ils ont été positionnés au sein d’un de ces deux ensembles, mais peuvent, de fait, présenter une situation hydrologique hydride. Enfin, certains sites identifiés comme focus (anneau noir) font l’objet de commentaires détaillés dans la section suivante.

Evolution pluri-annuelle

On visualise bien sur le diagramme pluri-annuel ci-dessous:

  • la séverité de l’étiage 2022 sur le massif armoricain et le Pays de Bray où des débits inférieurs aux débits décennaux secs ont été observés de mai jusqu’à novembre 2022, voire inférieurs aux débits vingtennaux secs sur la période la plus critique de juillet à septembre 2022. En comparaison, l’étiage 2023 sur ces deux secteurs a été clément et l’étiage 2024 encore plus;

  • l’étiage 2023 généralement plus sec que celui de 2022 sur les cours d’eau du bassin parisien au sud de la Seine, du bassin de l’Eure jusqu’au bassin de la Dives, en passant par l’amont des bassins de l’Huisne et de la Sarthe. Sur ce secteur également, l’étiage 2024 a été autrement plus clément du point de vue de la ressource en eau;

  • les cours d’eau du Pays de Caux au nord de la Seine qui ont beaucoup mieux résisté à cette séquence 2022 - 2023 que les autres cours d’eau normands, à l’exception de la Bresle en 2022;

  • enfin, sur tous les cours d’eau normands, la rupture très marquée qui est survenue en novembre 2023, faisant basculer les débits des cours d’eau dans une situation plus humide que les normales. Depuis, les débits des cours d’eau se sont maintenus le plus souvent au-dessus des normales saisonnières. Nous sommes toujours dans ce contexte humide qui prévaut depuis plus d’un an désormais. Les mois prochains nous diront si cette tendance humide se poursuit ou si on se dirige progressivement vers un retour vers la normale.

Evolution mensuelle de la qualification statistique du débit de base (Q3Jn). Ce diagramme permet de visualiser pour l’ensemble des sites utilisés dans ce bulletin, mois par mois depuis 3 ans, la rareté du débit de base pour le mois considéré. Chaque site est représenté par une ligne à l’intérieur de laquelle chaque case correspond à un mois. La couleur de la case représente la période de retour du Q3Jn de ce site pour ce mois. Le nom du site et la date d’observation du Q3Jn de chaque mois est accessible en survolant le graphique, case par case. Analysé site par site, par grand ensemble hydrogéologique ou à l’échelle complète de la Normandie, ce diagramme donne à voir les grandes tendances hydrologiques sur une profondeur de 3 ans.

Dynamique hydrologique sur l’année et sur le mois : focus sur quelques sites

Les hydrogrammes présentés ci-après illustrent de façon plus détaillée la situation hydrologique de quelques cours d’eau dont les comportements sont jugés soit représentatifs ce mois-ci des 4 grandes ensembles hydrologiques de la région soit, au contraire, présentent un caractère singulier utile à commenter. Les stations identifiées en focus dans les cartes précédentes sont utilisées à cette fin. Les graphiques couvrent une période de 3 ans environ, permettant ainsi de suivre l’évolution des débits journaliers des derniers mois et de comparer d’une année à l’autre la situation pour une même saison.

Nous invitons le lecteur pour un suivi fin et sur de plus longues périodes, à se référer à la plateforme de suivi de la situation hydrologique normande, ou encore directement sur l’HydroPortail.

Pays de Bray

Contrairement aux autres cours d’eau drainant les formations sédimentaires du bassin parisien, les rivières du pays de Bray sont très réactives aux épisodes de pluies et - en miroir- aux périodes prolongées d’absence ou de faibles précipitations. L’hydrogramme ci-dessous de l’Epte amont à Saumont-la-Poterie est à ce titre remarquable : l’Epte a connu deux crues importantes en janvier, la première vers le 10 du mois, la seconde en toute fin de mois, toutes les deux étant les plus fortes observées depuis 3 ans. Pour autant, une fois ces crues passées, les débits redescendent vite : avec un mois de février peu arrosé, la valeur du Q3Jn observé vers le 20 février est proche des valeurs normales de février et s’avère être statistiquement le plus bas depuis un an, relativement au mois considéré.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Bassin parisien nord-Seine

C’est sur ce secteur qu’on retrouve ce mois-ci la situation la plus humide de Normandie.

Après un mois de janvier très arrosé - comme ailleurs - et des cumuls de pluies sur l’année passée supérieure aux normales, la très forte inertie des cours d’eau cauchois va contribuer à maintenir des débits élevés pendant encore plusieurs mois probablement, alors qu’on devrait assister à une baisse plus ou moins rapide des débits sur tous les autres cours d’eau normands. C’est ce qu’on commence à voir depuis le 10 février sur la Saâne à Val-de-Saâne : après des crues en janvier, les débits se stabilisent en février à des niveaux élevés dont ils ne devraient redescendre que très doucement dans les mois à venir.

Plus à l’est, hors pays de Caux, sur l’Andelle et l’aval du bassin versant de l’Epte, la situation est également très humide en février. Les crues de janvier y ont été fortes et les débits se maintiennent à des valeurs élevées : ici sur l’Aubette de Magny, affluent aval de l’Epte, la valeur du Q3Jn de février est nettement plus élevée que celle de janvier, et dépassant la valeur vingtennale humide.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Bassin parisien sud-Seine

Les cours d’eau du bassin parisien situés au sud de la Seine avaient connu en janvier d’importants épisodes de crue, notamment sur l’Eure, l’Iton, la Touques, la Dives et l’Orne amont. Les débits ont baissé en février, mais ils se maintiennent à des niveaux élevés partout, particulièrement sur certains cours d’eau.

L’Eure et la Dives sont sur ce point assez remarquables et se distinguent au sein de cet ensemble avec des situations plus humides, probablement en raison d’une inertie plus importante que les cours d’eau voisins. On le voit sur la carte des débits moyens mensuels et on le voit assez clairement ci-dessous sur les deux hydrogrammes de l’Eure à Charpont et de la Dives à Beaumais : les valeurs des Q3Jn y augmentent nettement entre janvier et février, atteignant des valeurs plus que décennales humides en février (plus que vingtennales sur la Dives).

Sur les autres cours d’eau de ce secteur, la situation est également plus humide que la normale, mais les débits ont davantage baissé, se rapprochant des débits de saison (courbe médiane verte), comme c’est le cas sur l’Iton à Bourth vers le 20 février.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Massif armoricain

Sur ce secteur hydrogéologique, les cours d’eau affichent des situations hydrologiques moins humides que sur le reste de la région. La situation n’en est pas pour autant homogène, au contraire, en lien direct avec la capacité des sols des bassins versants à restituer avec délai les excédents passés de pluies, notamment ceux de janvier. Les trois hydrogrammes ci-dessous, choisis sur des stations dont les bassins versants sont de tailles proches (100 à 200 km2) et qui ont enregistré leur Q3Jn autour du 20 février, illustrent bien la diversité des cours d’eau drainant les formations du massif armoricain:

  • sur la Souleuvre à Carville, la capacité de restitution différée des pluies aux cours d’eau est faible. Les débits redescendent vite sous la courbe médiane entre chaque crue et la valeur du Q3Jn est proche des débits de base normaux de février alors que la Souleuvre était encore en crue en toute fin de mois de janvier;

  • sur la Varenne est Domfront, cette capacité est meilleure, et globalement plus représentative du fonctionnement moyen des cours d’eau de ce secteur : les débits redescendent plus lentement et la valeur du Q3Jn est d’une période de retour de 3 à 5 ans pour un mois de février;

  • sur l’Airon à Landivy, cette capacité est élevée pour des formations de roches dures : l’inertie, à la montée comme à la descente, est plus forte. La valeur du Q3Jn de février est d’une période de retour plus élevée, de 5 à 10 ans. On retrouve cette même situation, plus humide, sur le Beuvron, la Sélune aval à Saint-Aubin-de-Terregatte dans le sud-Manche et de façon encore plus marquée également sur la Saire à Anneville-en-Saire dans le nord-est du Cotentin, secteur pourtant plus déficitaire en pluies qu’ailleurs (sur un mois comme sur un an).

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Graphique d’évolution des débits (hydrogramme) sur 3 ans. La courbe en bleu représente les débits moyens mesurés sur 3 jours consécutifs. Les pastilles colorées permettent de visualiser les valeurs les plus basses de chaque mois (Q3Jn) : elles sont positionnées à la date à laquelle ces valeurs sont observées et colorées selon leur rareté (période de retour) pour le mois considéré, aidant à l’analyse de la situation en moyennes et basses eaux, notamment pour le suivi de la ressource en eau. La courbe médiane (en vert) représente la situation normale, en valeur de débits et en tendance. Enfin, les deux droites en haut du graphique correspondent aux débits de crues de période de retour 5 ans et 10 ans (moyennés sur 3 jours, en cohérence avec la courbe des débits observés), aidant à l’évaluation de l’intensité des crues.

Glossaire

Année hydrologique : période continue de douze mois choisie de façon à minimiser les reports hydrologiques d’une année sur l’autre. Elle débute à une date de l’année où les réserves sont au plus bas et est donc choisie en fonction des conditions climatiques de chaque région. En Normandie, celle-ci débute par convention au 1er septembre.

Évapotranspiration : quantité d’eau évaporée (à la surface du sol et des étendues d’eau) et transpirée par les plantes. Elle peut être potentielle (quantité d’eau potentiellement mis en jeu) ou réelle (quantité d’eau effectivement évapotranspirée).

Pluies efficaces : les pluies (ou précipitations) efficaces sont égales à la différence entre les précipitations totales et l’évapotranspiration réelle. Ces précipitations sont soit stockées, soit infiltrées (recharge des nappes) soit ruisselées.

Niveau piézométrique (ou par raccourci piézométrie): altitude ou profondeur (par rapport au sol) de la surface de la nappe souterraine.

Recharge des nappes: période/phénomène d’augmentation des niveaux des eaux souterraines. On parle régulièrement de recharge hivernale.

Vidange des nappes: période/phénomène de baisse des niveaux des eaux souterraines. On parle régulièrement de vidange estivale.

Débit de base / VCN3 / Q3Jn : il s’agit du débit du cours d’eau en l’absence de ruissellement consécutif à de récentes précipitations. La grandeur choisie pour le quantifier est le VCN3, débit moyen minimal calculé sur trois jours consécutifs pour une période donnée (mensuelle pour ce bulletin)

Hydraulicité : rapport du débit moyen sur une période donnée (mensuelle ou annuelle) à sa moyenne interannuelle sur cette même période. Elle permet de positionner simplement le débit d’une année ou d’un mois donné par rapport à l’année normale ou au mois normal.

Médiane : pour un échantillon de valeurs ordonnées, la médiane correspond à la valeur qui se trouve au point milieu de cette liste, permettant de couper l’ensemble des valeurs en deux parties égales (50%) en nombre de valeurs. Elle diffère de la moyenne de ces valeurs.

Fréquence ou Période de retour : la fréquence (au dépassement) d’un événement est la probabilité que cet événement soit atteint ou dépassé chaque année. La période de retour (ou récurrence) est l’inverse de la fréquence. Exemple : une crue décennale a, chaque année, une chance sur dix d’être atteinte ou dépassée

Débit mensuel quinquennal humide (resp. sec) : pour un mois considéré, c’est le débit mensuel qui a une probabilité de 1/5 (resp. 4/5) d’être dépassé chaque année. Il permet de caractériser un mois calendaire de forte hydraulicité.

Débit de base quinquennal humide (resp. sec) : c’est le débit de base (Q3Jn) qui a une probabilité de 1/5 (resp. 4/5) d’être dépassé chaque année.

Tarissement d’une rivière: phénomène de décroissance régulière du débit en l’absence de précipitations et d’intervention humaine

Étiage : période de l’année hydrologique où le débit d’un cours d’eau est bas. Il s’établit par le tarissement progressif du cours d’eau peu ou pas entrecoupé de précipitations.